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Space News InNet 185




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Space News InNet numero 185                         mercredi 7 janvier 1998


	Sommaire

	Xmm: la mission impossible
	-  Prouesse technologique
	-  Une realisation liegeoise
	-  La carte Prodex

	Strategie europeenne a la mode americaine

	Restructuration de l'industrie des satellites
	-  50 % des charges utiles mondiales
	-  Un systeme de navigation mondial

	L'Europe et les telecoms spatiales
	-  Skybridge plus simple que Celestri


XMM: LA MISSION IMPOSSIBLE
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Sur les hauteurs du Sart Tilman, l'universite de Liege a implante  en  1984
un important complexe de laboratoires pour des essais en ambiance spatiale.
Cette infrastructure universitaire, a savoir le  Centre  spatial  de  Liege
(Csl) a ete realisee avec le soutien de l'Agence spatiale europeenne (Esa),
de l'Etat belge et de la Region wallonne.  Depuis  1988,  c'est  l'une  des
installations de tests coordonnees de  l'Esa,  aux  cotes  des  simulateurs
d'Intespace  (Toulouse)  et  de   l'Industrianlagen-Betriebs   Gesellschaft
(Ottobrunn). Elle a  servi  a  calibrer  et  a  qualifier  des  equipements
prestigieux comme le radiometre de  Meteosat,  la  camera  de  Giotto  (qui
photographia le noyau de la comete de Halley), les telescopes du  satellite
d'astrometrie  Hipparcos,  l'observatoire  spatial  dans  l'infrarouge  Iso
(Infrared  Space  Observatory)  ainsi  que  le   telescope   Eit   (Extreme
Ultraviolet Imaging Telescop) a bord  de  l'observatoire  Soho  (Solar  and
Heliospheric Observatory).

Voisine du Centre  spatial  de  Liege  (Csl),  la  societe  Amos  (Advanced
Mechanical and Optical Systems) collabore a la realisation des tests,  avec
la fourniture de materiels. Le CA et Amos jouent un role primordial dans la
mise au  point  des  instruments  du  prochain  satellite  scientifique  de
l'Agence  spatiale  europeenne,  l'observatoire  Xmm  (X-ray  Multi-Mirror)
d'astronomie dans le rayonnement X, qui  doit  etre  lance  en  aout  1999.
Depuis mai, les premiers modeles de vol des miroirs - il y  en  a  58  pour
chacun des trois telescopes  de  Xmm  -  sont  a  l'essai  dans  l'imposant
simulateur Focal-X (Facility for Optical Calibration at Liege). Une  visite
des medias europeens  au  CA  fut  une  nouvelle  occasion  d'apprecier  le
dynamisme de l'Europe face aux defis technologiques de la science spatiale.

" Quand, en 1993, on a  decide  la  mission  Xmm,  on  parlait  de  mission
impossible, a cause des technologies audacieuses qu'il  fallait  mettre  en
oeuvre et  qui  etaient  alors  au-dela  des  possibilites  industrielles."
Partant de  ce  constat,  Roger  Maurice  Bonnet,  directeur  du  programme
scientifique de l'Esa insiste  sur  l'interet  d'une  "mission  impossible"
comme Xmm: "Le projet etait de realiser le telescope  a  rayonnement  X  le
plus sensible qui ait  jamais  ete  construit.  D'abord,  il  va  faire  de
l'Europe un leader de l'astronomie Roentgen. Mais c'est un  nouvel  exemple
de la maniere dont  la  science  spatiale  oblige  les  ingenieurs  et  les
industriels,  en  transformant  les  reves  des  chercheurs   en   realites
technologiques, a  se  surpasser  pour  etre  les  meilleurs  et  les  plus
competitifs. Nos politiciens, pour le prochain Conseil de l'Esa  au  niveau
ministeriel, doivent etre conscients que le programme scientifique de l'Esa
est un element clef pour la competitivite de nos industries de pointe. "

Outre les defis poses par le projet Xmm, un  autre  motif  de  satisfaction
reside dans le fait que les delais et les couts ont ete plus que respectes.

Le lancement de l'observatoire Xmm est prevu sur la  sixieme  Ariane  5  en
aout  1999,  soit  avec  cinq  mois  d'avance  sur  le  planning   initial.
Roger-Maurice Bonnet explique: "Il est necessaire de disposer d'une  Ariane
5 pour placer l'observatoire Xmm d'une  masse  de  3,9  t  sur  son  orbite
elliptique de 48 heures, entre 7.000 et 114.000 km. "

La mission Xmm, pour  son  developpement,  son  lancement  et  deux  annees
d'observations - l'observatoire pourra fonctionner durant au moins dix  ans
-, coute a l'Esa 10% de moins que prevu, soit un budget en dessous  de  600
millions d'ecus (24  milliards  de  francs).  "Les  economies  dues  a  une
reduction des frais de management  et  des  prix  des  industriels  mis  en
competition  nous  permettent  de   reintroduire   dans   notre   programme
scientifique une  mission  de  sonde  Mars  Express  en  2003  et  d'autres
activites pour les chercheurs et industriels europeens. "

Prouesse technologique

Robert Laine, chef de projet  Xmm  a  l'Esa,  precise  l'ampleur  de  cette
entreprise europeenne:

- quelque 2.000 personnes dans 35 firmes et  laboratoires  en  Europe  sont
impliquees a un haut niveau technologique dans la realisation de Xmm;

- chaque habitant des Etats membres de l'Esa contribue pour l'equivalent de
deux ecus (plus ou moins 80 francs belges) a ce projet ambitieux;

- la mission Xmm va donner du travail aux chercheurs durant les 20 annees a
venir...

L'observatoire Xmm doit etre capable de collecter dans les rayons X  -  par
incidence rasante - un maximum de lumiere provenant d'objets celestes, dont
la temperature est de 1 million a 1 milliard de degres K. Il est  constitue
d'instruments qui permettent de realiser une analyse spectrale  des  objets
observes et de les imager: trois  cameras  a  haute  sensibilite  dans  les
rayons X, deux spectrometres de haute resolution dans les rayons  X  et  un
telescope optique pour des observations du visible au  proche  ultraviolet.
Il  doit  pouvoir  rester  pointe  sur  un  phenomene  celeste  durant  une
quarantaine d'heures.

Il a fallu trois ans de recherches difficiles  pour  pouvoir  fabriquer  le
module "multimiroirs" a incidence rasante. Ce coeur  de  chacun  des  trois
telescopes a rayons X de l'observatoire Xmm est un defi technologique:  "La
premiere annee, sur 90  tentatives,  on  a  pu  fabriquer  un  seul  miroir
correct. Maintenant, on est arrive a 90 % de taux de reussite. ". De  forme
quasi cylindrique, le module est un ensemble de 58 miroirs ultra-minces (de
0,5 a 1 mm  d'epaisseur)  ajustes  avec  soin  pour  allier  resolution  et
sensibilite. La section de chaque miroir forme dans une couche de nickel et
recouvert d'une pellicule d'or presente un retrecissement  a  la  geometrie
particuliere: parabolique dans un premier temps, puis hyperbolique.

L'industrie europeenne a du se mobiliser pour reussir la fabrication de 250
miroirs pour les telescopes de Xmm.  La  societe  allemande  Carl  Zeiss  a
fourni les mandrins (moules) en 58 dimensions differentes, tous  ayant  ete
polis  avec  soin  selon  la   configuration   paraboloidale-hyperboloidale
requise. La firme italienne  Media  Lario  (filiale  de  Kayser  Threde)  a
realise la surface reflechissante en deposant une couche d'or sous vide sur
le mandrin, puis un format de substrat de nickel par bain electrochimique.

Une realisation liegeoise

Etant donne qu'un miroir  termine  ne  mesure  que  moins  d'un  millimetre
d'epaisseur, il a fallu que Media Lario evite, lors  des  manipulations  de
chaque miroir, les flexions jusqu'a ce qu'il soit colle en place parmi  les
autres miroirs sur une structure a cercles concentriques fabriquee  par  la
societe suisse Apco. Le Dr. Arnoldo Valenzuela, directeur de  Media  Lario,
est particulierement heureux des retombees de cette reussite  technologique
pour son entreprise et les petites firmes dans  son  orbite:  "Nous  sommes
arrives a maitriser la  fabrication  de  structures  tres  minces  pour  de
nouvelles  antennes  de  satellites,  ainsi  que   d'equipements   capables
d'ameliorer la sensibilite des detecteurs aux rayons X. Nous avons demontre
notre  place  aux  cotes  des  grands  industriels.  Tandis  que   d'autres
inventaient de nouvelles methodes de fabrication, il nous a fallu imaginer,
ici a Liege, des  moyens  inedits  de  verification  des  performances  des
miroirs, explique Claude Jamar, le directeur du Centre  spatial  de  Liege.
Nous utilisons un faisceau large de  tres  courtes  longueurs  d'onde  dans
l'ultraviolet afin de simuler le rayonnement X et de verifier le  foyer  de
chaque element des trois telescopes du satellite Xmm."

Pour les tests des miroirs de Xmm, le  CA  a  du  agrandir  ses  moyens  de
simulation avec Focal-X. C'est la petite  entreprise  Amos  qui,  avec  les
Ateliers de la Meuse,  a  realise  en  14  mois  cette  extension  du  Csl.
Commencee le 7 juillet 1994, elle etait inauguree  le  26  septembre  1995.
Dans ce simulateur spatial Focal-X, quelque 360 millions de francs ont  ete
investis par l'Agence spatiale europeenne (75%), les Services federaux  des
affaires scientifiques, techniques et culturelles (15 %) et l'universite de
Liege (10%).

Amos a construit une imposante  infrastructure  verticale  de  tests  d'une
hauteur de 30 m, avec une cuve a vide de 12 m de haut, ou sont calibres les
miroirs de Xmm. Pour realiser le caisson de Focal X, une masse totale de 80
tonnes d'inox a du etre traitee. Pour le fonctionnement du simulateur, il a
fallu concevoir une structure de tour de 20 tonnes qui  s'incline  sur  2,5
degres dans la cuve, ainsi qu'un systeme de manipulation qui  deplace  avec
precision les delicats miroirs a tester. Ils ont utilise les  logiciels  de
modelisation des structures de la societe Samcef de Liege. Pour  la  partie
optique  du  simulateur,  Amos  a  ete  confrontee  a  des   activites   de
superpolissage  portant  sur  la  dimension  atomique,  de  l'ordre  de   5
angstroems  (0,0005  microns)   et   a   du   s'equiper   d'un   microscope
interferometrique a haute definition. Son directeur general,  Bill  Collin,
regrette que sa societe d'une trentaine de personnes ait  du  supporter  le
poids  d'economies  dans  le  projet  Xmm  en  encaissant  une   part   des
depassements du cout des travaux de Focal-X.

L'industrie belge est par ailleurs impliquee dans la realisation du  module
de  service  de  Xmm,  avec  Alcatel-Etca  (Charleroi)   qui   realise   le
sous-systeme  d'alimentation  electrique  pour  Dasa-Dornier,   le   maitre
d'oeuvre.  Arthur  Poncin,  directeur  des  Operations  chez  Alcatel-Etca,
souligne l'existence d'un team industriel homogene, qui se comprend:  "Dasa
Dornier, comme dans le programme Ers  de  satellites  d'observation  de  la
Terre, a su creer un "team spirit". C'est cette synergie autour de methodes
rigoureuses qui explique surtout la tenue des delais et des couts  dans  le
developpement reussi de Xmm. "

La carte Prodex

Le   programme   Prodex   (Programme   de    developpement    d'experiences
scientifiques) est un mecanisme optionnel de l'Agence  spatiale  europeenne
(Esa), pour lequel la Belgique joue un role tres actif. Il  a  ete  mis  en
place en 1986 pour les pays membres  qui  n'ont  pas  d'agence  experiences
majeures a bord d'observatoires europeens et americain:

* l'Optical Monitor du satellite  d'astronomie  Xmm,  co-aligne  sur  trois
telescopes dans les rayons X, doit observer l'Univers dans  le  domaine  du
visible au proche ultraviolet (150 nm a 550 nm); cet instrument est realise
et teste par le Csl avec  l'Institut  d'astrophysique  de  l'universite  de
Liege, les firmes belges Sparnex (Anvers), Amos (Liege) et Oip/Delft Sensor
Systems (Oudenaarde);

*  l'Optical  Monitor  Camera   du   satellite   d'astrophysique   Integral
(International Gamma Ray Astrophysics Laboratory) doit  etudier  l'emission
visible des sources de haute energie sur  lesquelles  seront  pointees  les
instruments principaux. Le Csl collabore,  entre  autres,  avec  l'Institut
d'astrophysique de Liege, avec l'Inta (Espagne)  et  avec  des  industriels
belges;

*  le  Far  Ultraviolet  Spectrographic  Image  (Fuv-Si)  doit  equiper  le
satellite  americain  Image  (Imager  for  Magnetopause  to-Aurora   Global
Exploration) que la Nasa lancera en janvier 2000 dans le cadre du programme
Midex (Mid-size Explorer) pour  l'observation  globale  de  l'environnement
magnetique de la Terre. Le Csl, Amos et OipIDeift  Sensor  Systems  doivent
fournir en un temps record la mecanique et l'optique  de  l'instrument:  il
s'agit de la premiere participation de chercheurs et industriels  europeens
a la nouvelle strategie "faster, better, cheaper" (plus vite, mieux,  moins
cher) d'acces a l'espace de la Nasa.

Theo Pirard, Athena


STRATEGIE EUROPEENNE A LA MODE AMERICAINE
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"Les economies que nous reussissons a faire sur les programmes actuels,  ce
qui est le cas  de  Xmm,  nous  servent  a  financer  de  petites  missions
technologiques avec des experiences  scientifiques,  precise  Roger-Maurice
Bonnet, directeur du programme scientifique de l'Esa. Ces missions  doivent
permettre aux Europeens de  tenir  tete  aux  Americains  dans  la  "guerre
technologique" qu'ils ont declaree au reste du  monde.  Avec  la  strategie
"faster, better, cheaper" (plus vite, meilleur, moins  cher)  de  la  Nasa,
l'industrie americaine se dote d'une "machine de guerre" qui  s'appuie  sur
les technologies  mises  au  point  dans  le  cadre  du  Programme  spatial
militaire. "

Smart (Small Mission for  Advances  in  Research  and  Technology)  est  le
programme europeen de petits satellites; il s'inspire de la philosophie des
missions americaines, avec des engins legers, miniaturises et peu  couteux,
du Departement de la Defense (Clementine) et de  la  Nasa  (Discovery,  New
Millenium). Smart se presente comme un ensemble  de  quatre  missions  pour
lesquelles l'Agence spatiale europeenne prevoit un financement de  pres  de
200 millions d'ecus (8 milliards de francs):

Smart-1 concerne une petite sonde lunaire, destinee a preparer  la  mission
EuroMoon ou une exploration de la planete Mercure. Il s'agit d'experimenter
un propulseur ionique lors  de  manoeuvres  vers  la  Lune  et  sur  orbite
lunaire. Roger Maurice Bonnet precise: "EuroMoon est une mission bien  plus
ambitieuse qui doit etre financee dans un cadre  prive.  Mais  nous  sommes
interesses a participer a sa realisation. " La mission Smart-1  est  prevue
en 2001 avec un lancement comme passager secondaire. L'Esa envisage de  lui
allouer un financement de 60 millions d'ecus (2,4 milliards de francs).  Ce
projet est gere par la Swedish Space Corporation (Ssc),  l'agence  spatiale
suedoise;

Smart-2 doit etre une participation  europeenne  a  une  mission  Mini-Step
(Satellite Test of the Equivalence Principle) de la Nasa qui doit  en  2004
tester les technologies pour une etude  des  ondes  gravitationnelles.  Une
vingtaine de millions d'ecus  (800  millions  de  francs)  pourraient  etre
consacres a cette mission internationale;

Smart-3 et Smart-4 sont en cours de definition pour des missions en 2006 et
2009,   destinees   a   tester   les   technologies   pour   des   missions
d'interferometrie infrarouge ou  d'astrometrie  spatiale.  Chacune  d'elles
recevrait un financement d'une cinquantaine de millions d'ecus (2 milliards
de nos francs).

Theo PIRARD


RESTRUCTURATION DE L'INDUSTRIE DES SATELLITES
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Le role de "systemier" d'Alcatel Espace prendra une nouvelle dimension dans
la nouvelle societe  francaise  dediees  aux  satellites.  Elle  comprendra
notamment l'etablissement  d'Alcatel  Espace  a  Toulouse,  l'etablissement
d'Aerospatiale a Cannes et l'activite de Thomson-CSF dans les tubes a ondes
progressives (TOP).

Au sujet  de  cette  restructuration,  Jean-Claude  Husson,  pdg  d'Alcatel
Espace, a indique qu'elle se ferait sur le schema  prevu  dans  les  delais
impartis et qu'il y aurait toutes les activites spatiales d'Alcatel  Espace
dans la nouvelle societe.

Ces activites regroupent Alcatel Espace (France), Alcatel ETCA  et  Alcatel
Bell (Belgique), Alcatel Espacio (Espagne), Alcatel Kirk (Danemark) et  AME
Space (Norvege). L'effectif, qui etait de 3.200  personnes  en  1996  (dont
2.000 a Toulouse et 1.200 personnes dans  les  societes  europeennes),  est
passe a 3.350 en 1997. Le chiffre d'affaires, qui etait de 4 MdF  en  1996,
devrait monter a 4,7 MdF en 1997. Le carnet de commande, devrait,  quant  a
lui, atteindre 6,2 MdF en 1997,  Alcatel  attendant  de  nouveaux  contrats
avant la fin de l'annee (charges utiles  pour  Hispasat-1C  d'Aerospatiale,
pour deux Intelsat-9 supplementaires et, peut-etre, un quatrieme  satellite
Worldstar). Les  participations  dans  Euteltracs,  Globalstar,  Skybridge,
Cyberstar et Europe Star entrent dans le perimetre de la nouvelle  societe,
alors que les activites  segment  sol  d'Alcatel  Telspace  n'en  font  pas
partie. En depit de la vente de ses  actions  dans  Space  Systems/  Loral,
Alcatel Espace a conserve ses droits dans cette societe (membre du  conseil
d'administration,  accord  de  partenariat,  etc.).  Il  y   a   donc   des
participations croisees entre industriels. Dans le  cadre  du  projet  M2A,
Loral fournit la plateforme, Alcatel la charge utile et Telspace le segment
sol. Les accords avec Alenia, qui fait partie du programme  Globalstar,  se
poursuivront  aussi  (seul  Dasa  est  sorti  de  cette  alliance).   Selon
Jean-Claude Husson, "il n'y a pas de raison de changer notre strategie.  Il
est aussi possible de continuer sur des programmes  comme  Worldspace  avec
Matra. Il y a  de  la  place  pour  deux  constructeurs  en  Europe.  C'est
l'interet  de  l'industrie  europeenne  et  l'Union  europeenne  est   tres
soucieuse d'eviter les situations de monopole".

50 % des charges utiles mondiales

Alcatel Espace est present dans tous les  domaines  des  telecommunications
spatiales  (telecoms,   telediffusion,   telephonie   mobile,   navigation,
radiodiffusion, multimedia). La firme  est  au  premier  rang  des  charges
utiles en Europe et au second  rang  dans  le  monde  derriere  l'americain
Hughes.  Elle  a  realise  pres   de   50   %   des   charges   utiles   de
telecommunications dans le monde et est presente  sur  plus  de  50  %  des
satellites actuellement en construction. Au niveau des equipements, Alcatel
Espace etait present  sur  une  soixantaine  de  satellites  en  orbite  en
decembre. De plus, elle fournit des charges utiles aux  principaux  maitres
d'oeuvre de satellites. Enfin, Alcatel Espace coopere avec  les  Etats-Unis
(Loral), la Russie (NPO PM) et le Japon (Toshiba). En  plus  de  la  charge
utile du satellite euro-russe Sesat,  Alcatel  va  realiser  trois  charges
utiles pour les  satellites  russes  Express-M  de  la  NPO  PM  et,  selon
Jean-Claude Husson, "Aerospatiale nous a recemment rejoint  pour  un  appel
d'offres en Russie".

"Les industriels sont obliges de prendre des initiatives  pour  prendre  de
nouveaux marches", dit-il. En effet, Alcatel Espace travaille sur le projet
de satellite de telediffusion EuropStar. Il s'agit d'une nouvelle  approche
commerciale qui consiste a aller chercher des marches tres  en  amont.  Des
frequences en bande Ku  ont  ete  reservees  pour  diffuser  sur  l'Europe,
l'Afrique et l'Inde. Il y aura un premier satellite en 2000, puis un second
et peut-etre davantage.

Toutefois, Alcatel Espace n'ayant pas vocation a devenir  un  operateur  de
systemes de telecommunications, la firme aura plutot tendance a  s'associer
avec ses derniers. Des partenaires auraient deja ete identifies.

Cote production, la salle blanche d'Alcatel Espace (1.200  mē  de  surface)
que nous avons pu visiter a Toulouse est  au  maximum  de  sa  capacite  en
raison d'une forte croissance d'activite. Les locaux sont occupes  par  les
charges utiles des satellites Sesat, MTSat, Afristar,  Stentor,  Globalstar
et les tuiles du radar ASAR  d'Envisat.  La  charge  utile  d'Afristar,  la
premiere de type regenerative (avec traitement  du  signal  a  bord),  sera
livree en totalite en  decembre  avec  trois  mois  de  retard.  Ainsi,  le
lancement prevu en juin est repousse a septembre 1998 (Alcatel  Espace  est
aussi implique dans le  projet  de  satellite  de  radiodiffusion  AMRC  de
Hughes).

La production des 64  charges  utiles  de  la  constellation  Globalstar  a
atteint son regime de croisiere avec une reorganisation  de  la  production
qui a permis de diviser les couts par trois.  Alcatel  Espace  va  realiser
1.500 cartes electroniques pour ces charges utiles qui sont construites  au
rythme d'une par semaine et douze charges utiles ont deja ete livrees.  Les
quatre premiers satellites doivent etre lances le 5 fevrier 1998.  Puis  le
calendrier des tirs prevoit quatre autres satellites en avril,  puis  douze
en mal, douze en aout, douze en novembre, quatre en fevrier 1999, quatre en
avril 1999 et les quatre derniers en mai 1999 (56 au total). Les essais  du
Betatest interviendront avec 32  satellites  en  aout  1998,  le  debut  du
service avec 40 satellites en novembre 1998 et le service  operationnel  en
mai 1999.

Le systeme Skybridge, pour sa part, devrait demarrer  tres  vite  puisqu'un
premier sommet  des  industriels  est  prevu  en  janvier.  Les  satellites
emporteront  trois  fois  plus  d'equipements  que  sur   Globalstar.   "La
constellation, qui comptera 64 satellites, aura une capacite  de  15  a  20
millions d'abonnes qui auront un acces illimite de type  Internet  pour  un
tarif forfaitaire independant de la connexion et du debit",  precise  Herve
Sorre, directeur du developpement international de Skybridge.

Le satellite japonais MTSat, dont le lancement par une fusee H-2 est  prevu
a la mi-1999,  embarquera  pour  la  premiere  fois  une  charge  utile  de
navigation CNS/ATM pour le controle du trafic  aerien  (assurant  liaisons,
localisation, securite). Dans ce domaine, Alcatel Espace (segment  spatial)
et Thomson (segment sol) pourraient avoir un leadership mondial.

Un systeme de navigation mondial

Alcatel etudie le concept du GNSS-2 qui remplacera peut-etre un jour le GPS
americain.  Une  solution,  etudiee   avec   le   CNES,   comprendrait   64
micro-satellites en orbite basse dotes de l'instrument  Doris.  Un  contrat
avec la Commission  europeenne  vise  a  elaborer  et  tester  au  sol  une
conception preliminaire du systeme. Le financement de cette etude de 4  MUC
(28 MF) est assure a 50 % par la Commission europeenne  et  50  %  par  les
autres partenaires (CNES, les aviations civiles des pays europeens,  etc.).
L'equipe industrielle comprend Alcatel  (maitre  d'oeuvre)  et  Alenia.  Un
systeme mondial couterait 400 a 450 MUC (2,6 a 2,9 MdF) contre 10  Md$  (60
MdF) pour le systeme GPS. Une autre solution consisterait  a  etudier  avec
NPO PM comment il serait possible de modifier  les  satellites  Glonass,  a
condition qu'ils deviennent civils.

Les telecommunications representent 80 % du savoir-faire d'Alcatel  Espace.
Les 20 % restants sont dans le domaine des radars et de la robotique (robot
martien avec le LAS).

Ainsi Alcatel Espace devrait livrer les  vingt  tuiles  du  radar  ASAR  en
juillet 1998 (chaque tuile comprend 16 modules d'emission/reception, quatre
alimentations de puissance, deux coupleurs entree-sortie et  une  interface
de commande). "La technologie des radars a fait  d'enormes  progres  et  il
existe de fortes synergies avec Thomson", remarque Jean-Claude Husson.  "Le
concept de gros satellite a reacteur nucleaire des annees 80 a evolue  vers
celui d'Osiris/Horus plus leger et nous entrons desormais dans une nouvelle
etape  avec  la  petite  plate-forme  Proteus  qui  pourrait  convenir  aux
militaires, d'autant plus que la plate-forme Skybridge (haut  de  gamme  de
Proteus) pourrait etre utilisee a cout recurrent", ajoute le pdg qui revele
qu'une proposition allant dans ce sens devrait etre soumise a  la  mi-1998.
"Dans ce domaine, nous devrions aller beaucoup  plus  vite  que  le  projet
Skymed/Cosmo italien", precise Jean-Claude Husson.

Mais la priorite des priorites pour Alcatel Espace, c'est  d'etre  le  plus
competitif possible. "Pour cela, il faut gagner la bataille des  cycles  en
optimisant l'interface entre la plate-forme et la charge utile (le  montage
sur une plate-forme d'Aerospatiale peut etre realise en une  journee).  Par
ailleurs, il faudra passer tres rapidement a travers  les  moyens  d'essais
qui se trouvent chez Aerospatiale a Cannes. La charge  de  travail  de  cet
etablissement, actuellement en baisse, devra aussi etre optimise" a precise
Gilles Lasfargues, responsable du departement integration d'Alcatel Espace.

Christian Lardier


L'EUROPE ET LES TELECOMS SPATIALES
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Euroforum a organise un  seminaire  sur  le  theme  des  telecommunications
spatiales les 9 et 10 decembre a Paris. Dans ce  domaine,  les  volumes  de
ventes cumulees pour la decennie a venir seront de 480 MdF pour le  segment
spatial (fabrication et lancement de satellites), 600 MdF pour  le  segment
sol (stations, equipements et terminaux) et de 2.700 MdF pour le marche des
services, selon une estimation de Michel Carpentier, rapporteur du  rapport
sur  l'industrie  spatiale  au  Conseil  economique  et  social  et  ancien
directeur de la DG XIII a la Commission europeenne.

Le marche mondial des satellites est domine  par  les  Americains  qui  ont
remporte les trois quarts des commandes en 1997  (repartis  entre  Lockheed
Martin, Hughes et Loral) et les Europeens qui se partagent le quart restant
(Aerospatiale et  Matra).  Par  ailleurs,  Matra  a  recemment  annonce  la
notification de Motorola pour la  commande  de  la  constellation  Celestri
destinee aux applications multimedias. Ce systeme, d'un cout  estime  a  14
Md$ (84 MF), est constitue de 63 satellites en orbite  basse  repartis  sur
sept plans et de cinq satellites geostationnaires qui couvriront  les  cinq
continents  (ces  derniers  seront  surtout  utilises  pour  la   diffusion
d'informations a grand debit). Pour un montant d'environ  1  Md$  (6  MdF),
Matra  fournira  70  satellites  pour  l'orbite  basse  et   un   satellite
geostationnaire, tous derives de  la  nouvelle  plate-forme  Eurostar-3000.
D'un poids de 3,1 t et d'une  puissance  de  10  kW,  ils  utiliseront  les
frequences en bande Ka que l'IUT vient d'attribuer a  Motorola.  Toutefois,
ce  dernier  devra  mettre  en  oeuvre  des  techniques  de  reduction  des
interferences pour ne  pas  gener  les  systemes  geostationnaires.  Ainsi,
Celestri devient un concurrent direct  de  la  constellation  Teledesic  de
Microsoft (un autre projet de la firme Teligent a ete relocalise par la FCC
pour eviter des problemes d'interferences avec Teledesic).

Celestri est un reseau mondial a large bande fournissant des debits de 2  a
155 Mbits (chaque satellite est un noeud ATM).  A  l'instar  d'Iridium,  il
utilisera les liaisons optiques inter-satellites a  4,5  Gbps.  Le  systeme
comprend deux centres de controle operationnel l'un pour les satellites  et
l'autre pour le reseau), ainsi que des unites de gestion de reseau  virtuel
reparti qui permettront aux prestataires de services de gerer les  services
et les abonnes.

Skybridge plus simple que Celestri

De son cote, Skybridge  d'Alcatel  Espace  vient  d'obtenir  l'autorisation
d'utiliser la bande Ku pour des services multimedias en orbite basse,  mais
devra aussi  avoir  un  systeme  pour  ne  pas  faire  d'interferences  aux
satellites geostationnaires. Le systeme, d'un cout estime  a  3,5  Md$  (21
MdF), a recemment recu un financement inferieur a200 M$  (1,2  MdF)  de  la
part des partenaires industriels (dont Aerospatiale qui pourrait fournir la
plate-forme pour les 64 satellites de la constellation). D'ici 9 a 12 mois,
les operateurs pourront a leur tour devenir des partenaires. Skybridge sera
un  systeme  complementaire  aux  systemes  terrestres  existants  et  sera
interactif avec le satellite geostationnaire Cyberstar de Loral  (la  firme
americaine commencera son service en bande Ku avant de passer en bande Ka).
Les satellites de 800 kg pourraient etre lances  par  grappes  de  12  avec
Ariane 5. A partir de 2001, la constellation desservira  surtout  les  pays
developpes (Etats-Unis, Europe, Japon, etc.).  Les  prix  des  antennes  de
reception devraient se situer entre  350  et  700  $  (2.100  a  4.200  F).
Skybridge est plus simple  que  Celestri  Le  cout  est  inferieur  et  les
satellites sont plus petits, mais il a  besoin  du  reseau  terrestre.  "Il
devrait y avoir plus de cent millions  d'utilisateurs  vers  2005  pour  le
marche satellitaire  a  large  bande,  l'offre  devrait  donc  etre  encore
longtemps inferieur a la  demande",  a  precise  Gerard  Dosogne  d'Alcatel
Espace.

Christian Lardier


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