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Space News InNet 185
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Space News InNet numero 185 mercredi 7 janvier 1998
Sommaire
Xmm: la mission impossible
- Prouesse technologique
- Une realisation liegeoise
- La carte Prodex
Strategie europeenne a la mode americaine
Restructuration de l'industrie des satellites
- 50 % des charges utiles mondiales
- Un systeme de navigation mondial
L'Europe et les telecoms spatiales
- Skybridge plus simple que Celestri
XMM: LA MISSION IMPOSSIBLE
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Sur les hauteurs du Sart Tilman, l'universite de Liege a implante en 1984
un important complexe de laboratoires pour des essais en ambiance spatiale.
Cette infrastructure universitaire, a savoir le Centre spatial de Liege
(Csl) a ete realisee avec le soutien de l'Agence spatiale europeenne (Esa),
de l'Etat belge et de la Region wallonne. Depuis 1988, c'est l'une des
installations de tests coordonnees de l'Esa, aux cotes des simulateurs
d'Intespace (Toulouse) et de l'Industrianlagen-Betriebs Gesellschaft
(Ottobrunn). Elle a servi a calibrer et a qualifier des equipements
prestigieux comme le radiometre de Meteosat, la camera de Giotto (qui
photographia le noyau de la comete de Halley), les telescopes du satellite
d'astrometrie Hipparcos, l'observatoire spatial dans l'infrarouge Iso
(Infrared Space Observatory) ainsi que le telescope Eit (Extreme
Ultraviolet Imaging Telescop) a bord de l'observatoire Soho (Solar and
Heliospheric Observatory).
Voisine du Centre spatial de Liege (Csl), la societe Amos (Advanced
Mechanical and Optical Systems) collabore a la realisation des tests, avec
la fourniture de materiels. Le CA et Amos jouent un role primordial dans la
mise au point des instruments du prochain satellite scientifique de
l'Agence spatiale europeenne, l'observatoire Xmm (X-ray Multi-Mirror)
d'astronomie dans le rayonnement X, qui doit etre lance en aout 1999.
Depuis mai, les premiers modeles de vol des miroirs - il y en a 58 pour
chacun des trois telescopes de Xmm - sont a l'essai dans l'imposant
simulateur Focal-X (Facility for Optical Calibration at Liege). Une visite
des medias europeens au CA fut une nouvelle occasion d'apprecier le
dynamisme de l'Europe face aux defis technologiques de la science spatiale.
" Quand, en 1993, on a decide la mission Xmm, on parlait de mission
impossible, a cause des technologies audacieuses qu'il fallait mettre en
oeuvre et qui etaient alors au-dela des possibilites industrielles."
Partant de ce constat, Roger Maurice Bonnet, directeur du programme
scientifique de l'Esa insiste sur l'interet d'une "mission impossible"
comme Xmm: "Le projet etait de realiser le telescope a rayonnement X le
plus sensible qui ait jamais ete construit. D'abord, il va faire de
l'Europe un leader de l'astronomie Roentgen. Mais c'est un nouvel exemple
de la maniere dont la science spatiale oblige les ingenieurs et les
industriels, en transformant les reves des chercheurs en realites
technologiques, a se surpasser pour etre les meilleurs et les plus
competitifs. Nos politiciens, pour le prochain Conseil de l'Esa au niveau
ministeriel, doivent etre conscients que le programme scientifique de l'Esa
est un element clef pour la competitivite de nos industries de pointe. "
Outre les defis poses par le projet Xmm, un autre motif de satisfaction
reside dans le fait que les delais et les couts ont ete plus que respectes.
Le lancement de l'observatoire Xmm est prevu sur la sixieme Ariane 5 en
aout 1999, soit avec cinq mois d'avance sur le planning initial.
Roger-Maurice Bonnet explique: "Il est necessaire de disposer d'une Ariane
5 pour placer l'observatoire Xmm d'une masse de 3,9 t sur son orbite
elliptique de 48 heures, entre 7.000 et 114.000 km. "
La mission Xmm, pour son developpement, son lancement et deux annees
d'observations - l'observatoire pourra fonctionner durant au moins dix ans
-, coute a l'Esa 10% de moins que prevu, soit un budget en dessous de 600
millions d'ecus (24 milliards de francs). "Les economies dues a une
reduction des frais de management et des prix des industriels mis en
competition nous permettent de reintroduire dans notre programme
scientifique une mission de sonde Mars Express en 2003 et d'autres
activites pour les chercheurs et industriels europeens. "
Prouesse technologique
Robert Laine, chef de projet Xmm a l'Esa, precise l'ampleur de cette
entreprise europeenne:
- quelque 2.000 personnes dans 35 firmes et laboratoires en Europe sont
impliquees a un haut niveau technologique dans la realisation de Xmm;
- chaque habitant des Etats membres de l'Esa contribue pour l'equivalent de
deux ecus (plus ou moins 80 francs belges) a ce projet ambitieux;
- la mission Xmm va donner du travail aux chercheurs durant les 20 annees a
venir...
L'observatoire Xmm doit etre capable de collecter dans les rayons X - par
incidence rasante - un maximum de lumiere provenant d'objets celestes, dont
la temperature est de 1 million a 1 milliard de degres K. Il est constitue
d'instruments qui permettent de realiser une analyse spectrale des objets
observes et de les imager: trois cameras a haute sensibilite dans les
rayons X, deux spectrometres de haute resolution dans les rayons X et un
telescope optique pour des observations du visible au proche ultraviolet.
Il doit pouvoir rester pointe sur un phenomene celeste durant une
quarantaine d'heures.
Il a fallu trois ans de recherches difficiles pour pouvoir fabriquer le
module "multimiroirs" a incidence rasante. Ce coeur de chacun des trois
telescopes a rayons X de l'observatoire Xmm est un defi technologique: "La
premiere annee, sur 90 tentatives, on a pu fabriquer un seul miroir
correct. Maintenant, on est arrive a 90 % de taux de reussite. ". De forme
quasi cylindrique, le module est un ensemble de 58 miroirs ultra-minces (de
0,5 a 1 mm d'epaisseur) ajustes avec soin pour allier resolution et
sensibilite. La section de chaque miroir forme dans une couche de nickel et
recouvert d'une pellicule d'or presente un retrecissement a la geometrie
particuliere: parabolique dans un premier temps, puis hyperbolique.
L'industrie europeenne a du se mobiliser pour reussir la fabrication de 250
miroirs pour les telescopes de Xmm. La societe allemande Carl Zeiss a
fourni les mandrins (moules) en 58 dimensions differentes, tous ayant ete
polis avec soin selon la configuration paraboloidale-hyperboloidale
requise. La firme italienne Media Lario (filiale de Kayser Threde) a
realise la surface reflechissante en deposant une couche d'or sous vide sur
le mandrin, puis un format de substrat de nickel par bain electrochimique.
Une realisation liegeoise
Etant donne qu'un miroir termine ne mesure que moins d'un millimetre
d'epaisseur, il a fallu que Media Lario evite, lors des manipulations de
chaque miroir, les flexions jusqu'a ce qu'il soit colle en place parmi les
autres miroirs sur une structure a cercles concentriques fabriquee par la
societe suisse Apco. Le Dr. Arnoldo Valenzuela, directeur de Media Lario,
est particulierement heureux des retombees de cette reussite technologique
pour son entreprise et les petites firmes dans son orbite: "Nous sommes
arrives a maitriser la fabrication de structures tres minces pour de
nouvelles antennes de satellites, ainsi que d'equipements capables
d'ameliorer la sensibilite des detecteurs aux rayons X. Nous avons demontre
notre place aux cotes des grands industriels. Tandis que d'autres
inventaient de nouvelles methodes de fabrication, il nous a fallu imaginer,
ici a Liege, des moyens inedits de verification des performances des
miroirs, explique Claude Jamar, le directeur du Centre spatial de Liege.
Nous utilisons un faisceau large de tres courtes longueurs d'onde dans
l'ultraviolet afin de simuler le rayonnement X et de verifier le foyer de
chaque element des trois telescopes du satellite Xmm."
Pour les tests des miroirs de Xmm, le CA a du agrandir ses moyens de
simulation avec Focal-X. C'est la petite entreprise Amos qui, avec les
Ateliers de la Meuse, a realise en 14 mois cette extension du Csl.
Commencee le 7 juillet 1994, elle etait inauguree le 26 septembre 1995.
Dans ce simulateur spatial Focal-X, quelque 360 millions de francs ont ete
investis par l'Agence spatiale europeenne (75%), les Services federaux des
affaires scientifiques, techniques et culturelles (15 %) et l'universite de
Liege (10%).
Amos a construit une imposante infrastructure verticale de tests d'une
hauteur de 30 m, avec une cuve a vide de 12 m de haut, ou sont calibres les
miroirs de Xmm. Pour realiser le caisson de Focal X, une masse totale de 80
tonnes d'inox a du etre traitee. Pour le fonctionnement du simulateur, il a
fallu concevoir une structure de tour de 20 tonnes qui s'incline sur 2,5
degres dans la cuve, ainsi qu'un systeme de manipulation qui deplace avec
precision les delicats miroirs a tester. Ils ont utilise les logiciels de
modelisation des structures de la societe Samcef de Liege. Pour la partie
optique du simulateur, Amos a ete confrontee a des activites de
superpolissage portant sur la dimension atomique, de l'ordre de 5
angstroems (0,0005 microns) et a du s'equiper d'un microscope
interferometrique a haute definition. Son directeur general, Bill Collin,
regrette que sa societe d'une trentaine de personnes ait du supporter le
poids d'economies dans le projet Xmm en encaissant une part des
depassements du cout des travaux de Focal-X.
L'industrie belge est par ailleurs impliquee dans la realisation du module
de service de Xmm, avec Alcatel-Etca (Charleroi) qui realise le
sous-systeme d'alimentation electrique pour Dasa-Dornier, le maitre
d'oeuvre. Arthur Poncin, directeur des Operations chez Alcatel-Etca,
souligne l'existence d'un team industriel homogene, qui se comprend: "Dasa
Dornier, comme dans le programme Ers de satellites d'observation de la
Terre, a su creer un "team spirit". C'est cette synergie autour de methodes
rigoureuses qui explique surtout la tenue des delais et des couts dans le
developpement reussi de Xmm. "
La carte Prodex
Le programme Prodex (Programme de developpement d'experiences
scientifiques) est un mecanisme optionnel de l'Agence spatiale europeenne
(Esa), pour lequel la Belgique joue un role tres actif. Il a ete mis en
place en 1986 pour les pays membres qui n'ont pas d'agence experiences
majeures a bord d'observatoires europeens et americain:
* l'Optical Monitor du satellite d'astronomie Xmm, co-aligne sur trois
telescopes dans les rayons X, doit observer l'Univers dans le domaine du
visible au proche ultraviolet (150 nm a 550 nm); cet instrument est realise
et teste par le Csl avec l'Institut d'astrophysique de l'universite de
Liege, les firmes belges Sparnex (Anvers), Amos (Liege) et Oip/Delft Sensor
Systems (Oudenaarde);
* l'Optical Monitor Camera du satellite d'astrophysique Integral
(International Gamma Ray Astrophysics Laboratory) doit etudier l'emission
visible des sources de haute energie sur lesquelles seront pointees les
instruments principaux. Le Csl collabore, entre autres, avec l'Institut
d'astrophysique de Liege, avec l'Inta (Espagne) et avec des industriels
belges;
* le Far Ultraviolet Spectrographic Image (Fuv-Si) doit equiper le
satellite americain Image (Imager for Magnetopause to-Aurora Global
Exploration) que la Nasa lancera en janvier 2000 dans le cadre du programme
Midex (Mid-size Explorer) pour l'observation globale de l'environnement
magnetique de la Terre. Le Csl, Amos et OipIDeift Sensor Systems doivent
fournir en un temps record la mecanique et l'optique de l'instrument: il
s'agit de la premiere participation de chercheurs et industriels europeens
a la nouvelle strategie "faster, better, cheaper" (plus vite, mieux, moins
cher) d'acces a l'espace de la Nasa.
Theo Pirard, Athena
STRATEGIE EUROPEENNE A LA MODE AMERICAINE
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"Les economies que nous reussissons a faire sur les programmes actuels, ce
qui est le cas de Xmm, nous servent a financer de petites missions
technologiques avec des experiences scientifiques, precise Roger-Maurice
Bonnet, directeur du programme scientifique de l'Esa. Ces missions doivent
permettre aux Europeens de tenir tete aux Americains dans la "guerre
technologique" qu'ils ont declaree au reste du monde. Avec la strategie
"faster, better, cheaper" (plus vite, meilleur, moins cher) de la Nasa,
l'industrie americaine se dote d'une "machine de guerre" qui s'appuie sur
les technologies mises au point dans le cadre du Programme spatial
militaire. "
Smart (Small Mission for Advances in Research and Technology) est le
programme europeen de petits satellites; il s'inspire de la philosophie des
missions americaines, avec des engins legers, miniaturises et peu couteux,
du Departement de la Defense (Clementine) et de la Nasa (Discovery, New
Millenium). Smart se presente comme un ensemble de quatre missions pour
lesquelles l'Agence spatiale europeenne prevoit un financement de pres de
200 millions d'ecus (8 milliards de francs):
Smart-1 concerne une petite sonde lunaire, destinee a preparer la mission
EuroMoon ou une exploration de la planete Mercure. Il s'agit d'experimenter
un propulseur ionique lors de manoeuvres vers la Lune et sur orbite
lunaire. Roger Maurice Bonnet precise: "EuroMoon est une mission bien plus
ambitieuse qui doit etre financee dans un cadre prive. Mais nous sommes
interesses a participer a sa realisation. " La mission Smart-1 est prevue
en 2001 avec un lancement comme passager secondaire. L'Esa envisage de lui
allouer un financement de 60 millions d'ecus (2,4 milliards de francs). Ce
projet est gere par la Swedish Space Corporation (Ssc), l'agence spatiale
suedoise;
Smart-2 doit etre une participation europeenne a une mission Mini-Step
(Satellite Test of the Equivalence Principle) de la Nasa qui doit en 2004
tester les technologies pour une etude des ondes gravitationnelles. Une
vingtaine de millions d'ecus (800 millions de francs) pourraient etre
consacres a cette mission internationale;
Smart-3 et Smart-4 sont en cours de definition pour des missions en 2006 et
2009, destinees a tester les technologies pour des missions
d'interferometrie infrarouge ou d'astrometrie spatiale. Chacune d'elles
recevrait un financement d'une cinquantaine de millions d'ecus (2 milliards
de nos francs).
Theo PIRARD
RESTRUCTURATION DE L'INDUSTRIE DES SATELLITES
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Le role de "systemier" d'Alcatel Espace prendra une nouvelle dimension dans
la nouvelle societe francaise dediees aux satellites. Elle comprendra
notamment l'etablissement d'Alcatel Espace a Toulouse, l'etablissement
d'Aerospatiale a Cannes et l'activite de Thomson-CSF dans les tubes a ondes
progressives (TOP).
Au sujet de cette restructuration, Jean-Claude Husson, pdg d'Alcatel
Espace, a indique qu'elle se ferait sur le schema prevu dans les delais
impartis et qu'il y aurait toutes les activites spatiales d'Alcatel Espace
dans la nouvelle societe.
Ces activites regroupent Alcatel Espace (France), Alcatel ETCA et Alcatel
Bell (Belgique), Alcatel Espacio (Espagne), Alcatel Kirk (Danemark) et AME
Space (Norvege). L'effectif, qui etait de 3.200 personnes en 1996 (dont
2.000 a Toulouse et 1.200 personnes dans les societes europeennes), est
passe a 3.350 en 1997. Le chiffre d'affaires, qui etait de 4 MdF en 1996,
devrait monter a 4,7 MdF en 1997. Le carnet de commande, devrait, quant a
lui, atteindre 6,2 MdF en 1997, Alcatel attendant de nouveaux contrats
avant la fin de l'annee (charges utiles pour Hispasat-1C d'Aerospatiale,
pour deux Intelsat-9 supplementaires et, peut-etre, un quatrieme satellite
Worldstar). Les participations dans Euteltracs, Globalstar, Skybridge,
Cyberstar et Europe Star entrent dans le perimetre de la nouvelle societe,
alors que les activites segment sol d'Alcatel Telspace n'en font pas
partie. En depit de la vente de ses actions dans Space Systems/ Loral,
Alcatel Espace a conserve ses droits dans cette societe (membre du conseil
d'administration, accord de partenariat, etc.). Il y a donc des
participations croisees entre industriels. Dans le cadre du projet M2A,
Loral fournit la plateforme, Alcatel la charge utile et Telspace le segment
sol. Les accords avec Alenia, qui fait partie du programme Globalstar, se
poursuivront aussi (seul Dasa est sorti de cette alliance). Selon
Jean-Claude Husson, "il n'y a pas de raison de changer notre strategie. Il
est aussi possible de continuer sur des programmes comme Worldspace avec
Matra. Il y a de la place pour deux constructeurs en Europe. C'est
l'interet de l'industrie europeenne et l'Union europeenne est tres
soucieuse d'eviter les situations de monopole".
50 % des charges utiles mondiales
Alcatel Espace est present dans tous les domaines des telecommunications
spatiales (telecoms, telediffusion, telephonie mobile, navigation,
radiodiffusion, multimedia). La firme est au premier rang des charges
utiles en Europe et au second rang dans le monde derriere l'americain
Hughes. Elle a realise pres de 50 % des charges utiles de
telecommunications dans le monde et est presente sur plus de 50 % des
satellites actuellement en construction. Au niveau des equipements, Alcatel
Espace etait present sur une soixantaine de satellites en orbite en
decembre. De plus, elle fournit des charges utiles aux principaux maitres
d'oeuvre de satellites. Enfin, Alcatel Espace coopere avec les Etats-Unis
(Loral), la Russie (NPO PM) et le Japon (Toshiba). En plus de la charge
utile du satellite euro-russe Sesat, Alcatel va realiser trois charges
utiles pour les satellites russes Express-M de la NPO PM et, selon
Jean-Claude Husson, "Aerospatiale nous a recemment rejoint pour un appel
d'offres en Russie".
"Les industriels sont obliges de prendre des initiatives pour prendre de
nouveaux marches", dit-il. En effet, Alcatel Espace travaille sur le projet
de satellite de telediffusion EuropStar. Il s'agit d'une nouvelle approche
commerciale qui consiste a aller chercher des marches tres en amont. Des
frequences en bande Ku ont ete reservees pour diffuser sur l'Europe,
l'Afrique et l'Inde. Il y aura un premier satellite en 2000, puis un second
et peut-etre davantage.
Toutefois, Alcatel Espace n'ayant pas vocation a devenir un operateur de
systemes de telecommunications, la firme aura plutot tendance a s'associer
avec ses derniers. Des partenaires auraient deja ete identifies.
Cote production, la salle blanche d'Alcatel Espace (1.200 mē de surface)
que nous avons pu visiter a Toulouse est au maximum de sa capacite en
raison d'une forte croissance d'activite. Les locaux sont occupes par les
charges utiles des satellites Sesat, MTSat, Afristar, Stentor, Globalstar
et les tuiles du radar ASAR d'Envisat. La charge utile d'Afristar, la
premiere de type regenerative (avec traitement du signal a bord), sera
livree en totalite en decembre avec trois mois de retard. Ainsi, le
lancement prevu en juin est repousse a septembre 1998 (Alcatel Espace est
aussi implique dans le projet de satellite de radiodiffusion AMRC de
Hughes).
La production des 64 charges utiles de la constellation Globalstar a
atteint son regime de croisiere avec une reorganisation de la production
qui a permis de diviser les couts par trois. Alcatel Espace va realiser
1.500 cartes electroniques pour ces charges utiles qui sont construites au
rythme d'une par semaine et douze charges utiles ont deja ete livrees. Les
quatre premiers satellites doivent etre lances le 5 fevrier 1998. Puis le
calendrier des tirs prevoit quatre autres satellites en avril, puis douze
en mal, douze en aout, douze en novembre, quatre en fevrier 1999, quatre en
avril 1999 et les quatre derniers en mai 1999 (56 au total). Les essais du
Betatest interviendront avec 32 satellites en aout 1998, le debut du
service avec 40 satellites en novembre 1998 et le service operationnel en
mai 1999.
Le systeme Skybridge, pour sa part, devrait demarrer tres vite puisqu'un
premier sommet des industriels est prevu en janvier. Les satellites
emporteront trois fois plus d'equipements que sur Globalstar. "La
constellation, qui comptera 64 satellites, aura une capacite de 15 a 20
millions d'abonnes qui auront un acces illimite de type Internet pour un
tarif forfaitaire independant de la connexion et du debit", precise Herve
Sorre, directeur du developpement international de Skybridge.
Le satellite japonais MTSat, dont le lancement par une fusee H-2 est prevu
a la mi-1999, embarquera pour la premiere fois une charge utile de
navigation CNS/ATM pour le controle du trafic aerien (assurant liaisons,
localisation, securite). Dans ce domaine, Alcatel Espace (segment spatial)
et Thomson (segment sol) pourraient avoir un leadership mondial.
Un systeme de navigation mondial
Alcatel etudie le concept du GNSS-2 qui remplacera peut-etre un jour le GPS
americain. Une solution, etudiee avec le CNES, comprendrait 64
micro-satellites en orbite basse dotes de l'instrument Doris. Un contrat
avec la Commission europeenne vise a elaborer et tester au sol une
conception preliminaire du systeme. Le financement de cette etude de 4 MUC
(28 MF) est assure a 50 % par la Commission europeenne et 50 % par les
autres partenaires (CNES, les aviations civiles des pays europeens, etc.).
L'equipe industrielle comprend Alcatel (maitre d'oeuvre) et Alenia. Un
systeme mondial couterait 400 a 450 MUC (2,6 a 2,9 MdF) contre 10 Md$ (60
MdF) pour le systeme GPS. Une autre solution consisterait a etudier avec
NPO PM comment il serait possible de modifier les satellites Glonass, a
condition qu'ils deviennent civils.
Les telecommunications representent 80 % du savoir-faire d'Alcatel Espace.
Les 20 % restants sont dans le domaine des radars et de la robotique (robot
martien avec le LAS).
Ainsi Alcatel Espace devrait livrer les vingt tuiles du radar ASAR en
juillet 1998 (chaque tuile comprend 16 modules d'emission/reception, quatre
alimentations de puissance, deux coupleurs entree-sortie et une interface
de commande). "La technologie des radars a fait d'enormes progres et il
existe de fortes synergies avec Thomson", remarque Jean-Claude Husson. "Le
concept de gros satellite a reacteur nucleaire des annees 80 a evolue vers
celui d'Osiris/Horus plus leger et nous entrons desormais dans une nouvelle
etape avec la petite plate-forme Proteus qui pourrait convenir aux
militaires, d'autant plus que la plate-forme Skybridge (haut de gamme de
Proteus) pourrait etre utilisee a cout recurrent", ajoute le pdg qui revele
qu'une proposition allant dans ce sens devrait etre soumise a la mi-1998.
"Dans ce domaine, nous devrions aller beaucoup plus vite que le projet
Skymed/Cosmo italien", precise Jean-Claude Husson.
Mais la priorite des priorites pour Alcatel Espace, c'est d'etre le plus
competitif possible. "Pour cela, il faut gagner la bataille des cycles en
optimisant l'interface entre la plate-forme et la charge utile (le montage
sur une plate-forme d'Aerospatiale peut etre realise en une journee). Par
ailleurs, il faudra passer tres rapidement a travers les moyens d'essais
qui se trouvent chez Aerospatiale a Cannes. La charge de travail de cet
etablissement, actuellement en baisse, devra aussi etre optimise" a precise
Gilles Lasfargues, responsable du departement integration d'Alcatel Espace.
Christian Lardier
L'EUROPE ET LES TELECOMS SPATIALES
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Euroforum a organise un seminaire sur le theme des telecommunications
spatiales les 9 et 10 decembre a Paris. Dans ce domaine, les volumes de
ventes cumulees pour la decennie a venir seront de 480 MdF pour le segment
spatial (fabrication et lancement de satellites), 600 MdF pour le segment
sol (stations, equipements et terminaux) et de 2.700 MdF pour le marche des
services, selon une estimation de Michel Carpentier, rapporteur du rapport
sur l'industrie spatiale au Conseil economique et social et ancien
directeur de la DG XIII a la Commission europeenne.
Le marche mondial des satellites est domine par les Americains qui ont
remporte les trois quarts des commandes en 1997 (repartis entre Lockheed
Martin, Hughes et Loral) et les Europeens qui se partagent le quart restant
(Aerospatiale et Matra). Par ailleurs, Matra a recemment annonce la
notification de Motorola pour la commande de la constellation Celestri
destinee aux applications multimedias. Ce systeme, d'un cout estime a 14
Md$ (84 MF), est constitue de 63 satellites en orbite basse repartis sur
sept plans et de cinq satellites geostationnaires qui couvriront les cinq
continents (ces derniers seront surtout utilises pour la diffusion
d'informations a grand debit). Pour un montant d'environ 1 Md$ (6 MdF),
Matra fournira 70 satellites pour l'orbite basse et un satellite
geostationnaire, tous derives de la nouvelle plate-forme Eurostar-3000.
D'un poids de 3,1 t et d'une puissance de 10 kW, ils utiliseront les
frequences en bande Ka que l'IUT vient d'attribuer a Motorola. Toutefois,
ce dernier devra mettre en oeuvre des techniques de reduction des
interferences pour ne pas gener les systemes geostationnaires. Ainsi,
Celestri devient un concurrent direct de la constellation Teledesic de
Microsoft (un autre projet de la firme Teligent a ete relocalise par la FCC
pour eviter des problemes d'interferences avec Teledesic).
Celestri est un reseau mondial a large bande fournissant des debits de 2 a
155 Mbits (chaque satellite est un noeud ATM). A l'instar d'Iridium, il
utilisera les liaisons optiques inter-satellites a 4,5 Gbps. Le systeme
comprend deux centres de controle operationnel l'un pour les satellites et
l'autre pour le reseau), ainsi que des unites de gestion de reseau virtuel
reparti qui permettront aux prestataires de services de gerer les services
et les abonnes.
Skybridge plus simple que Celestri
De son cote, Skybridge d'Alcatel Espace vient d'obtenir l'autorisation
d'utiliser la bande Ku pour des services multimedias en orbite basse, mais
devra aussi avoir un systeme pour ne pas faire d'interferences aux
satellites geostationnaires. Le systeme, d'un cout estime a 3,5 Md$ (21
MdF), a recemment recu un financement inferieur a200 M$ (1,2 MdF) de la
part des partenaires industriels (dont Aerospatiale qui pourrait fournir la
plate-forme pour les 64 satellites de la constellation). D'ici 9 a 12 mois,
les operateurs pourront a leur tour devenir des partenaires. Skybridge sera
un systeme complementaire aux systemes terrestres existants et sera
interactif avec le satellite geostationnaire Cyberstar de Loral (la firme
americaine commencera son service en bande Ku avant de passer en bande Ka).
Les satellites de 800 kg pourraient etre lances par grappes de 12 avec
Ariane 5. A partir de 2001, la constellation desservira surtout les pays
developpes (Etats-Unis, Europe, Japon, etc.). Les prix des antennes de
reception devraient se situer entre 350 et 700 $ (2.100 a 4.200 F).
Skybridge est plus simple que Celestri Le cout est inferieur et les
satellites sont plus petits, mais il a besoin du reseau terrestre. "Il
devrait y avoir plus de cent millions d'utilisateurs vers 2005 pour le
marche satellitaire a large bande, l'offre devrait donc etre encore
longtemps inferieur a la demande", a precise Gerard Dosogne d'Alcatel
Espace.
Christian Lardier
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