Adapté de The Satellite Encyclopedia.
Les premiers lanceurs Diamant étaient directement dérivés des fusées technologiques Saphir. La décision de réaliser un lanceur spatial en remplaçant la charge utile du Saphir par un troisième étage fut prise en décembre 1961. Et en mai 1962, le CNES confia à la DMA la direction du programme Diamant, dont la SEREB devait assurer les études et la maîtrise d'oeuvre générale. La fusée Rubis fut alors créée pour tester en vol le troisième étage du lanceur, monté pour la circonstance sur un étage Agate.
Le lanceur Diamant A était constitué d'un premier étage Emeraude de 10 m de hauteur pour 1.40 m de diamètre qui pesait 14.7 tonnes. Son moteur LRBA Vexin, à tuyère orientable, fonctionnait pendant 93 secondes et délivrait une poussée de 269 kN au sol (304 kN dans le vide). Le deuxième étage Topaze mesurait 4.7 m de haut pour 80 cm de diamètre et pesait 2.9 t. Il délivrait une poussée moyenne de 156 kN pendant 44 secondes. Le troisième étage P064 mesurait 2 m de haut et 65 cm de diamètre. Il pesait 709 kg dont 640 kg d'Isolane - d'où son nom. Il fonctionnait pendant 45 secondes en fournissant une poussée de 27 à 53 kN. Avec la coiffe, Diamant mesurait 18.95 m de hauteur et pesait 18.4 tonnes.
La satellisation fut obtenue dès le premier essai, le 26 novembre 1965. La charge utile était une simple capsule technologique A-1 (Asterix) dont une antenne fut détériorée lors du lancement et qui ne fournit donc aucune information. Après ce tir, il restait au CNES trois exemplaires du lanceurs. Ils furent utilisés pour placer sur orbite, entre février 1966 et février 1967, les trois satellites géodésiques du programme D-1. Tous les lancement furent réalisés depuis le CIEES (Centre InterArmées d'Essais d'Engins Spéciaux) saharien, qui fut ensuite fermé en juillet 1967.
Diamant B
La succession de Diamant donna naissance à de nombreux projets, mais le CNES décida de construire un lanceur directement dérivé de ce premier lanceur. La principale évolution concernait le premier étage qui avait été rallongé et dont le moteur utilisait des ergols plus énergétiques que ceux de Diamant A. Ce premier étage Améthyste mesurait 14.2 m de hauteur pour 1.40 m de diamètre et pesait 20.1 tonnes. Son moteur Valois (peroxyde d'azote + UDMH) fonctionnait pendant 116 secondes et délivrait une poussée de 316 kN au sol (400 kN dans le vide). Le deuxième étage était identique à celui de Diamant A. L'étage supérieur P068 affichait également des performances accrues. Il mesurait 1.67 m de haut pour 80 cm de diamètre et développait une poussée moyenne de 50 kN pendant 46 s. Avec la coiffe, qui offrait un diamètre de 85 cm contre 65 cm pour Diamant A, Diamant B mesurait 23.5 m de hauteur et pesait 24.6 tonnes.
Six fusées Diamant B avaient été commandées à l'origine : deux pour le CNES et quatre pour l'ELDO (en version monoétage) qui auraient dû servir à la mise au point du PAS (Perigee-Apogee System) destiné à la fusée Europa 2. Finalement, l'ELDO renonça à ce moyen d'essai et les cinq exemplaires qui furent construits revinrent tous au CNES.
Après le lancement d'une capsule scientifique allemande Wika (Wissenschaftlich Kapsel) en mars 1970, Diamant B lança successivement le satellite technologique Peole et le satellite astronomique D-2A Tournesol. Les deux derniers tirs en décembre 1971 et mai 1973 (D-2A polaire et D-5A/B) se soldèrent par des échecs. Tous les lancements eurent lieu depuis le CSG (Centre Spatial Guyanais).
Diamant BP4
Le développement de Diamant BP4 démarra en janvier 1972. Le lanceur conservait les premier et troisième étages de son prédécesseur. Le nouveau deuxième étape P4 (Rita), piloté par déviation de jet (injection de fréon), était celui du missile balistique MSBS. Il mesurait 2.28 m de long pour 1.5 m de diamètre et développait une poussée moyenne de 180 kN t pendant 55 secondes. Avec la coiffe de 1.38 m de diamètre - issue du programme Black Arrow britannique - Diamant BP4 mesurait 21.6 m de hauteur et pesait 27 tonnes. Il fut tiré à trois reprises avec succès entre février et septembre 1975 pour satelliser Starlette, Castor et Pollux, et Aura.
Après 1975, la France arrêta ses programmes de fusées-sondes et de lanceur national pour se consacrer exclusivement à la mise au point du lanceur européen Ariane.
Tableaux
a/ Evolution des lanceurs Diamant
b/ Lancements de Diamant
a/ Evolution des lanceurs Diamant
Echelle en mètres
Designation | Premier tir | 1er étage | 2me étage | 3me étage | 300 km | 500 km | 1000 km |
---|---|---|---|---|---|---|---|
A | 1965 | Emeraude | Topaze | P064 | 80 | ||
B | 1970 | Amethyste | Topaze | P068 | 160 | 115 | 25 |
BP4 | 1975 | Amethyste | Rita | P068 | 200 | 153 | 45 |
# | Identification | Charge | Date | Site | Type | Commentaires |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 65096 | Asterix | 26 Nov 1965 | HMG | A | |
2 | 66013 | Diapason | 17 Feb 1966 | HMG | A | |
3 | 67011 | Diadème 1 | 08 Feb 1967 | HMG | A | Echec partiel: orbite trop basse |
4 | 67014 | Diadème 2 | 15 Feb 1967 | HMG | A | |
5 | 70017 | A: Wika B: Mika | 10 Mar 1970 | KRU | B | |
6 | 70109 | Péole | 12 Dec 1970 | KRU | B | |
7 | 71030 | Tournesol | 15 Apr 1971 | KRU | B | |
8 | n/a | D2 Polaire | 5 Dec 1971 | KRU | B | Echec: Défaillance du 2me étage |
9 | n/a | Castor Pollux | 22 May 1972 | KRU | B | Echec: Non largage de la coiffe |
10 | 75010 | Starlette | 6 Feb 1975 | KRU | BP4 | |
11 | 75039 | A: Pollux B: Castor | 17 May 1975 | KRU | BP4 | |
12 | 75092 | Aura | 27 Sep 1975 | KRU | BP4 |