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Space News InNet 202
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Space News InNet numero 202 lundi 25 mai 1998
Sommaire
Les efforts belges en teledetection spatiale
- Cap autour de la Terre pour l'imagerie spatiale
- Participation de la Belgique a un systeme militaire
d'observation spatiale
Vive le spatiopole wallon !
La Lune sauve Asiasat
Menaces sur la station Alpha
Baikonour, pomme de discorde
Les News
C'est a lire : le Guide du Ciel 1998-1999, par Guillaume Cannat
NEW SPACE NEWS
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Les deux sites astronomiques Space News International et IA OnLine ont
fusionne le 22 mai 1998, sous l'appellation Space News International. Pour
les habitues de Space News, rien ne change; les usagers d'Ia OnLine retrou-
vent tous les services auxquels ils sont habitues sur le site de Space
News, a l'adresse http://www.sat-net.com/space-news .
Jean-Philippe Rottiers, ancien Webmaster d'IA On Line et moi-meme unirons
nos efforts sur Space News International afin d'encore ameliorer la qualite
et la quantite de services offerts sur le "nouveau" site.
Le site d'Ia OnLine a ferme ses portes le 22 mai 1998.
Jean Etienne
ERRATA
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Dans notre numero precedent, les montants annonces en euros ont souffert
d'une conversion erronee et sont a multiplier par deux.
LES EFFORTS BELGES EN TELEDETECTION SPATIALE
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Depuis le 20 juin 1979, la Belgique et la France cooperent dans le cadre
d'un "accord intergouvernemental relatif a l'execution en commun de
l'observation de la Terre". Pour la Belgique, les Services federaux des
affaires scientifiques, techniques et culturelles (Sstc) sont responsables
de la mise en oeuvre et du suivi de ce programme de cooperation. L'Etat
belge est, par ailleurs, actionnaire - aux cotes d'Alcatel Etca et
d'Alcatel Bell - dans la societe Spot Image qui exploite, pour les
commercialiser, les donnees et produits Spot.
Dans le segment spatial, l'investissement va atteindre les 2.354 millions
de francs qui se repartissent comme suit:
310 millions de francs pour le satellite Spot 1 (France) en 1979;
140 millions de francs pour le satellite Spot 2 (France) en 1984;
270 millions de francs pour les satellites Spot 3 et spot 4 (France) en
1991;
500 millions de francs pour l'instrument Vegetation 1 (Union europeenne) de
Spot 4 en 1991;
134 millions de francs pour le satellite Spot 5 (France) en developpement
pour un lancement qui est prevu en 2001-2002.
La participation belge au programme Spot a genere des activites
industrielles en Belgique: Alcatel Bell (reception et demodulation pour le
segment sol), Alcatel Etca (sous-systeme d'alimentation electrique a bord
et moyens de tests au sol), Amos (moyens de tests mecaniques), Centre
spatial de Liege (systemes d'essais optiques), Fabrisys (harnais filaires),
Sonaca (structure en materiaux composites de la case instrument pour Spot
5), Spacebel Informatique (logiciels de bord, de controle au sol, de
simulation), Trasys Space (logiciel au sol pour le traitement des donnees).
Dans l'exploitation des systemes de teledetection spatiale, le gouvernement
belge a investi pres d'un milliard de francs dans les quatre phases du
programme Telsat (de 1985 a l'an 2000). Soit une moyenne de 65 millions de
francs par annee. Telsat a pour objectif d'assurer, en financant des
activites de recherche et de developpement, l'utilisation operationnelle
des donnees d'observation de la Terre par satellites. Ses champs
d'applications sont economiques, scientifiques et technologiques: 30% pour
l'etude de la foret tropicale, 22% pour l'agriculture et la sylviculture
dans les regions temperees, 2 1 % pour la cartographie et l'amenagement du
territoire, 10% pour des travaux sur les phenomenes marins, 6% pour la
prospection geologique, 6% pour le developpement de logiciels, 3% pour la
technologie des radars, 2% pour l'etude de l'atmosphere. Le programme
Telsat a permis de creer des outils de vulgarisation et d'education: le
serveur EduSpot accessible via Internet (http://www.geo.ulg.ac.be/EduSpot)
et le CD-Rom "Telsat Demo" diffuse dans les ecoles secondaires. Environ
trente laboratoires d'universites et d'institutions scientifiques ainsi
qu'une dizaine d'entreprises privees sont concernes par les activites en
cours de Telsat.
Pour la mission globale de l'instrument europeen Vegetation, les donnees
seront traitees et archivees dans un centre gere par le Vito (Vlaamse
Instelling voor Technologisch Onderzoek) a Mol (province de Limbourg). Les
Sstc financent pour 64 millions de francs un programme d'accompagnement
scientifique qui doit permettre le demarrage de l'exploitation des donnees
Vegetation en Belgique.
Cap autour de la Terre pour l'imagerie spatiale
"Nous sommes au bout de la chaine satellitaire pour realiser des
applications sur le terrain". Par ce constat, le professeur Andre Ozer,
l'enthousiaste responsable du laboratoire de geomorphologie et
teledetection au departement de Geographie physique de l'universite de
Liege, resume le role des travaux universitaires en matiere de
teledetection spatiale.
Leur role est de "faire parler", le plus possible, les donnees des
satellites d'observation pour que soient mieux compris les phenomenes
naturels et pour qu'on precise leur impact sur les activites humaines.
"Dans le cadre du programme belge Telsat 2 et avec le soutien de l'Agence
spatiale europeenne, nous avons eu besoin des observations de satellites
pour des projets-pilotes d'etudes geologiques dans des pays en voie de
developpement. Nos projets concernent l'ecorce terrestre, le milieu
littoral, la recherche miniere, la desertification, l'archeologie. Dans
l'Etat de l'Equateur, traverse par la Cordillere des Andes, nous nous
sommes interesses a la tectonique par le reperage de lineaments (structures
lineaires pouvant etre liees a des failles). Pour le port de Haiphong, dans
le nord du Vietnam, nous avons combine des images optiques et radar pour
etudier le phenomene d'ensablement des chenaux. En Syrie, le long de
l'Euphrate, nous avons aide les archeologues de l'universite a retrouver
d'anciens sites historiques. "
Le service du professeur Ozer, en collaboration avec le Centre spatial de
Liege, a exploite les donnees des satellites-radar Ers pour des mesures de
tectonique. En etablissant par interferometrie un modele numerique de
terrains, il s'agit de discerner des variations en altitude de l'ordre du
centimetre et de mettre au point une methode de prevision des tremblements
de terre. L'objectif est de trouver des structures lineamentaires qui sont
associees a des mouvements de l'ecorce terrestre. "Pour verifier si notre
technique est au point, l'ideal serait d'avoir un tremblement de terre
entre deux prises de vues du radar de Ers. Les Chinois, pour leurs grands
travaux d'amenagement du territoire, portent un grand interet a ce que nous
faisons. "
Autre activite qui a amene le laboratoire de geomorphologie et
teledetection a recourir aux satellites: l'observation du plan de houle
pour determiner l'ensablement du littoral. A l'occasion d'une rencontre de
la francophonie, des chercheurs vietnamiens ont propose une etude
geologique destinee a l'amenagement de la baie de Haiphong (Vietnam) pour
ses activites portuaires. Cette etude a amene l'equipe du professeur Ozer a
collaborer avec la societe d'ingenierie portuaire Haecon (Harbour and
Engineering Consultants) de Gand. Haecon apporte les donnees sur le terrain
avec les mesures faites "in situ" par les bateaux. Le laboratoire de
Geographie de l'universite de Liege lui apporte son savoir-faire pour
etudier le deplacement, dans les chenaux d'acces au port, des bouchons de
sediments. En arrivant a comprendre comment se produit ce deplacement, on
peut determiner la solution a adopter pour contourner l'obstacle
sedimentaire.
"Nous avons realise ce programme avec les satellites Spot, explique le
professeur Ozer car les images revelent les sediments. Nous les avons
superposees a l'imagerie radar, prise par le satellite canadien Radarsat,
qui montre la rugosite de la surface. Nous avons pu montrer le long du
littoral belge et dans l'estuaire de l'Escaut que le plan de houle est
influence par la topographie de fond. Ainsi, au moyen de vues a partir de
l'espace, nous sommes a meme d'etablir la morphologie des fonds
sous-marins. L'effet de houle trahit la presence de sediments et revele la
topographie des bancs de sable. Notre equipe avait ete selectionnee par la
Nasda japonaise pour utiliser l'imagerie optique d'un instrument a haute
resolution a bord de son important satellite de teledetection Adeos, mais
malheureusement cette imagerie ne nous est pas parvenue puisque le
satellite a connu une panne electrique le 30 juin dernier. "
Participation de la Belgique a un systeme militaire d'observation spatiale
En participant aux satellites de teledetection Spot, la Belgique contribue
tant a la realisation qu'aux applications d'un systeme civil d'observation
spatiale. L'Ecole royale militaire participe aux activites de recherche du
programme Telsat; des representants de la section Espace de l'Etat-Major
ont presente leurs points de vue sur la teledetection spatiale a la
conference "Telsat: 10 ans" de fevrier dernier. L'industrie belge est deja
impliquee, avec Alcatel Etca pour le sous-systeme d'alimentation
electrique, dans la plate-forme Spot qui est utilisee par les
satellites-espions Helios que la France, l'Italie et l'Espagne mettent en
oeuvre et exploitent conjointement.
Dans le cadre de l'Union de l'Europe occidentale (Ueo), le ministere belge
de la Defense se trouve associe au fonctionnement d'un centre militaire
d'interpretation des images satellitaires sur la base aerienne de Torrejon
(Espagne). Ce centre, equipe par Matra Marconi Space, a d'abord exploite
les donnees de systemes commerciaux de teledetection spatiale, en les
combinant aux photographies aeriennes. Le 7 juillet 1995, une fusee Ariane
4 lancait Helios 1, presente comme "un satellite de defense de l'Europe".
Les premiers produits d'Helios sont mis a la disposition du Centre de
Torrejon depuis mai 1996. Ils permettent a l'Europe d'avoir un certain oeil
sur les zones de tensions dans le monde.
La Belgique, jusqu'a present, n'etait pas montee en premiere ligne dans
l'emploi des images satellitaires pour repondre a des besoins d'observation
pour des raisons strategiques. Le recours aux donnees de satellites-espions
est, a present, considere comme indispensable: il peut faciliter la tache
de ses forces annees pour des interventions a des fins humanitaires ou pour
des operations d'ordre militaire. Il est des regions, au centre de
l'Afrique, qui ne laissent pas indifferente la diplomatie belge.
Pour combler cette lacune, quatre ministeres federaux ont decide de faire
alliance pour cofinancer l'utilisation, au niveau europeen, de systemes
militaires d'observation et de telecommunications par satellites. Les
ministres de la Defense (pour une participation financiere de 50%), de la
Politique scientifique (33%), de l'Economie (15%) et des Affaires
etrangeres (2%), ont obtenu, le 6 mars dernier, le feu vert du gouvernement
belge pour entamer des negociations avec les autorites francaise et
allemande sur une collaboration de la Belgique aux programmes militaires
Helios 2 d'observation optique et Horus de detection radar. Par ailleurs,
la Belgique a l'intention d'elargir cette collaboration au Royaume-Uni pour
demarrer dans un proche avenir la realisation du systeme militaire de
telecommunications Eumilsatcom. Le communique du Conseil des ministres
belges precise qu'"il s'agit d'un systeme de trois ou quatre satellites de
communication qui pourraient etre operationnels apres 2005."
Un budget total de quelque 9,2 milliards de francs, sur une periode de
quinze ans, devrait etre alloue a ce volet militaire des activites
spatiales en Belgique. Dans un premier temps, ce sont 250 millions de
francs qui vont permettre l'acces aux donnees des satellites Helios avec
l'implantation, a Evere (non loin du quartier-general de l'Otan), pres de
Bruxelles, d'un systeme de traitement numerique de l'imagerie spatiale. Le
gouvernement belge motive sa decision de se lancer dans des programmes de
satellites militaires, en insistant sur les faits suivants.
"Un systeme europeen d'observation spatiale aurait pour objectifs la
verification des traites de desarmement, le controle de la proliferation
des armements a destruction massive et de leurs vecteurs et, enfin, la
surveillance des risques de menaces affectant l'environnement."
La participation directe de la Belgique assure le renforcement et le
developpement de l'activite industrielle et de la competence acquise dans
le domaine spatial "face a une competition mondiale toujours plus forte
dans ce secteur de haute technologie, l'engagement dans ces programmes de
l'industrie belge ne peut avoir qu'une action positive pour l'emploi."
Parmi les firmes qui sont concernees, parce que deja impliquees dans les
satellites Spot, relevons Alcatel Bell (reception et demodulation), Alcatel
Etca (alimentation electrique et moyens associes au sol), Amos (moyens de
support mecanique pour les tests optiques), le Centre spatial de Liege
(essais de systemes optiques), Fabrisys (harnais filaires et thermiques),
Sonaca (structure en composites de la case du satellite), Spacebel
Informatique (logiciels de systemes de bord et du segment sol) ainsi que
Trasys Space (ingenierie informatique pour le traitement des donnees et
pour l'archivage des images).
Theo PIRARD
VIVE LE SPATIOPOLE WALLON !
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Depuis plusieurs mois, la Region wallonne planche sur de nouvelles
structures visant a dynamiser les potentialites technologiques en Wallonie.
L'idee de constituer un spatiopole wallon fait son chemin pour encourager
des entreprises de pointe et les emplois a haute valeur ajoutee dans les
produits et services des systemes spatiaux. Robert Collignon,
ministre-president de la Region wallonne, s'est recemment exprime a ce
sujet lors d'une allocation devant les participants d'un seminaire consacre
a la promotion de l'essaimage (instrument qui a pour but de favoriser la
creation de nouvelles activites industrielles).
"L'esprit creatif wallon est une realite. Son dynamisme entrepreneurial
doit se confirmer. Je constate a ce titre, quotidiennement, un changement
de mentalite, tant dans le chef des operateurs publics qu'a l'interieur
meme de nos entreprises. Personne ici ne me dementira quand je constate
qu'il est particulierement ardu d'operationnaliser un projet de recherche.
Aussi le Centre spatial liegeois servira de base a une action pilote de
concretisation de projets d'essaimage lies a la recherche universitaire. "
Robert Collignon devait preciser: "L'appel des nouveaux entrepreneurs
wallons ne pouvait rester sans reponse. Cette reponse, nous la construisons
en collaboration avec le ministre de la Recherche. A cette fin, nous
utiliserons des moyens existants, mais aussi des techniques de financement
nouvelles, adaptees a ce nouveau defi. Cette dynamique creera ainsi un
effet boule de neige, un effet d'attractivite de capitaux a risque, qui
devraient permettre la creation d'un grand spatiopole wallon. Le spatiopole
s'inscrit dans la dynamique que le bassin liegeois a su developper dans le
domaine spatial et constituera le ferment de nouvelles activites
industrielles dans ce secteur de pointe en valorisant la recherche
universitaire.".
Theo Pirard.
LA LUNE SAUVE ASIASAT
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Une tres etonnante operation a permis aux techniciens de la firme Hughes
d'esperer rendre quelque temps exploitable celui de leurs satellites HS 601
HP qui aurait du devenir Asiasat 3. La Lune l'a replace sur une orbite
rendant concevable son utilisation alors qu'apres le mauvais fonctionnement
de son lanceur, on l'avait cru perdu.
Rappelons d'abord les faits.
Ce gros satellite de communication - qui aurait du aller se caler en orbite
geostationnaire par 105,5 deg E afin de desservir l'Australie et une grande
partie de l'Asie - avait ete confie a une fusee Proton K. Le tir eut lieu
de Baikonour le 24 decembre a 23 h 12 TU, mais l'etage superieur - un Block
DM3 allume 6 h 18 min plus tard, lors d'un franchissement de l'equateur a
quelque 36.000 km de la Terre - fonctionna pendant 1 s seulement au lieu
des 110 prevues; il est presume avoir explose. Ainsi le satellite se trouva
abandonne sur une orbite 203/36.008 km inclinee a 51,37 deg.
Gagner l'orbite geostationnaire par ses propres moyens etait impensable. Il
aurait fallu creer une impulsion de 2,42 km/s dans une direction faisant 31
deg avec le plan equatorial pour qu'elle se compose avec la vitesse du
satellite : 1,59 km/s, avec une inclinaison de 51,37 deg en sens contraire.
La resultante aurait eu la valeur de 3,04 km/s necessaire pour une
injection sur une orbite circulaire equatoriale decrite en 24 heures. Or, a
bord du satellite, d'une masse de 2.534 kg, se trouvaient seulement 860 kg
de propergols, capables de creer 1,2 km/s.
Mais les Americains se sont souvenus d'une lecon autrefois donnee par Ary
Sternfeld : ce prophete de l'astronautique avait souligne qu'une torsion de
trajectoire est plus economique quand elle a lieu a une plus grande
distance : la vitesse du satellite etant moindre, une impulsion plus petite
est en effet necessaire. Les Russes en avaient deja tenu compte. Nous
avions, dans ces colonnes, developpe le calcul les ayant conduits, depuis
Baikonour, a conferer un apogee de 39.000 km a l'orbite de transfert d'un
satellite de communication promis a gagner l'orbite geostationnaire. C'est
energetiquement un peu plus couteux que si l'on vise 36.000 km; mais, a
39.000 km, la torsion de trajectoire est nettement plus economique de sorte
que le bilan est positif meme en integrant l'obligation, une fois dans le
plan equatorial, de revenir a 36.000 km.
Remplacez en pensee cet apogee a 39.000 km par une escapade au-dela de la
Lune avec appel a la gravitation de celle-ci pour obtenir une torsion de la
trajectoire au meilleur compte, et vous aurez compris le sens de la
manoeuvre.
Devenu proprietaire du satellite apres dedommagement de l'Asia Satellite
Telecommunications Co Ltd de Hong Kong, Hughes s'est employee a elever de
36.008 km a 321.000 km l'apogee de cet Asiasat 3 rebaptise HGS-1 (HGS pour
Hughes Global Service). Cela a demande 657 m/s qui, pour assurer une
precision maximale avec la faible poussee du moteur, ont ete scindes en 11
impulsions d'environ 60 m/s chacune lors d'autant de passages du satellite
par son perigee: des passages de plus en plus espaces puisque avec
l'elevation de l'apogee, la duree de la revolution augmentait. De ce fait,
la manoeuvre s'etendit sur 12 jours, la derniere impulsion - commandee le 8
mai - ne s'etant pas contentee d'envoyer HGS-1 a32 1.000 km dans la
direction de la Lune: celle-ci se fit de plus en plus attractive jusqu'a
enclencher une reaction de gravitation qui a dure 9 jours.
Le deroulement des evenements a ce stade sera compris si l'on se place dans
un referentiel selene. HGS-1 aborda la Lune avec une vitesse V, resultante
de sa vitesse propre et de l'oppose de la vitesse de la Lune par rapport a
la Terre (environ 1 km/s). Dans le domaine lunaire, abstraction faite des
corrections de trajectoire, HGS-1 a decrit un arc d'hyperbole pour
ressortir de ce domaine avec une vitesse V de meme module que V, mais
orientee differemment. HGS-1 s'est enfin trouve reinjecte dans le domaine
terrestre anime d'une vitesse determinee en composant avec la vitesse de la
Lune par rapport a la Terre. Cette reinjection eut pour consequence de le
placer sur une orbite peu inclinee sur l'equateur avec un perigee a quelque
40.000 km, une orbite que les techniciens de Hughes ont prevu de modeliser
tres finement avant une nouvelle serie de manoeuvres pour assigner a leur
satellite une orbite quasi geosynchrone, de sorte que nous avons eu une
tres jolie operation.
En outre, une demonstration a ete donnee. Nous evoquions naguere la formule
retenue par les Japonais pour qu'en utilisant la Lune, une sonde lancee de
la Terre atteigne Mars plus surement et plus economiquement. Nous venons
d'avoir une preuve de l'interet de recourir a la Lune si l'on veut tout
bonnement gagner l'orbite geostationnaire. On en conclut que, pour des
fusees lancees de Baikonour - naguere capables de mettre en orbite
geostationnaire une charge 2 a 3 fois moins importante que des fusees
lancees depuis Kourou pour lesquelles aucune torsion de trajectoire n'est
exigee -, ce handicap disparait en partie si l'on recourt a la Lune. Ce
n'est concevable qu'a certaines epoques et au prix d'une subtile poursuite
hier interdite aux Russes par les faiblesses de leur electronique. Le fait
qu'une entreprise de cette nature soit devenue possible ouvre de nouvelles
perspectives, valorisant le site kazakhe.
Albert Ducrocq, Air & Cosmos
MENACES SUR LA STATION ALPHA
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Le rapport sur la situation du programme de station orbitale internationale
a ete remis par Jay Chabrow le 21 avril. Il estime que le budget n'est pas
adequat et qu'il faudrait ajouter 130 a 250 M$ (780 MF a 1,5 MdF) par an
pour assembler la station. Cette phase d'assemblage, qui avait deja ete
reportee de juin 2002 a decembre 2003, devrait par ailleurs etre a nouveau
retardee d'un a trois ans. Ainsi, la station pourrait n'etre achevee qu'en
2006, son cout total passant de 17,4 Md$ a 24,7 Md$ (104 a 148 MdF). En
effet, le financement recommande atteint 19,8 Md$ en 2002 (soit 2,4 Md$ de
depassement sur l'objectif initial), auxquels s'ajoutent 4,87 Md$ pour les
trois annees supplementaires. Le probleme principal reside actuellement
dans la livraison du module de service (SM) russe qui serait retardee de
quatre mois (en plus des huit mois deja pris en compte) en raison d'un
manque de financement (il manque 45 M$ du budget 1997 dont la moitie devait
etre versee en avril et l'autre moitie, en mal). Par ailleurs, l'US
Laboratory est egalement tres en retard sur les previsions.
BAIKONOUR, POMME DE DISCORDE
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On pensait le probleme de Baikonour, en particulier celui de la location du
cosmodrome, regle et voila qu'on apprend qu'il n'en est rien !
Et, pourtant, les accords sur la location, sur le statut de la ville de
Baikonour (ex-Leninsk), ont bel et bien ete signes en mars 1994, prevoyant
un prix de location annuel de 115 M$ (compromis entre les 150 M$ demandes
par les Kazakhs et les 80 M$ proposes par les Russes). La Douma les ayant
meme ratifies.
Mais, a l'evidence, ces accords ne sont pas appliques et, du cote kazakh,
le mecontentement, mais aussi les encheres montent. Or le temps presse, car
en juillet prochain, le president Boris Eltsine doit effectuer un voyage
officiel au Kazakhstan et signer avec son homologue Noursoultan Nazarbaiev
une serie d'accords concernant le partage des fonds de la partie
septentrionale de la mer Caspienne pour l'exploitation des hydrocarbures.
Or il semble que les Russes n'aient pas verse, a ce jour "un seul kopek",
d'ou le refus des parlementaires kazakhs de ratifier les accords. Non
seulement presque rien n'a ete fait, mais fi reste de plus en plus a faire.
Car les Kazakhs exigent davantage d'indemnites pour les dommages a
l'environnement subis dans la region de Karaganda par contaminations
chimiques provoquees par les premiers etages de fusees qui y retombent
depuis plus de 30 ans. Sans parler des problemes inextricables d'evaluation
des equipements du cosmodrome, des couts de maintenance et des questions
douanieres. Par ailleurs, comme il avait ete admis qu'il n'y aurait pas de
droits de douane pour les equipements destines a Baikonour, des societes
n'ayant rien a voir avec le spatial se sont engouffrees dans cette breche
juteuse pour s'enrichir par un trafic illicite.
Bref, l'embrouillamini ne fait qu'augmenter, alors que les Kazakhs voient
les tirs commerciaux se succeder sur leur territoire sans qu'aucun dollar
ne tombe dans leurs caisses. De ces retombees-la, ils voudraient aussi en
avoir.
Serge BERG
LES NEWS
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International
La premiere assemblee generale des actionnaires de la societe commerciale
New Skies formee par Intelsat se tiendra a la mi-mai.
Etats-Unis
Hughes va augmenter sa participation dans Panamsat pour un montant de 846
M$. Elle passera ainsi de 71,5 a 81 %.
Europe
Eutelsat utilise le faisceau orientable de Hot Bird-3 pour une
demonstration de television numerique et multimedia en Afrique du Sud.
Les Etats-membres d'Inmarsat ont accepte les amendements autorisant la
division de l'organisation en une societe a interets prives et une
structure intergouvernementale.
L'ESA et le CERN vont creer des groupes de travail charges d'etudier et de
proposer des activites communes qui pourraient etre regulierement conduites
par les deux organisations.
Le prochain lancement d'Ariane 4 avec le satellite de telecommunications
Eutelsat-3F1 n'interviendrait pas avant la mi-juillet.
Algerie
Le premier satellite algerien destine a l'etude du desert et de son
irrigation devrait etre lance en 2002.
Allemagne
La capsule Mikroba developpee par OHB System et Kayser-Threde a ete livree
a la Chine pour un vol en juin.
Des liaisons directes ont ete etablies avec la station orbitale Mir par le
centre GSOC de la DLR a Oberpfaffenhofen.
Russie
Le cosmodrome de Svobodny ne devrait pas etre utilise cette annee compte
tenu du report des lancements des satellites Early Bird-2 et Odin en 1999.
Ukraine
Apres avoir fait voler Leonid Kadeniouk a bord du Shuttle, l'Ukraine
pourrait fournir un module pour la station orbitale internationale Alpha.
Afrique
Le projet de satellite de telecommunications de l'organisation africaine
RASCOM pourrait etre reoriente vers la telephonie rurale. Worldspace signe
deux accords de radiodiffusion par satellite avec des medias du Liberia et
d'Ouganda.
Singapour
Singapore Telecommunications Ltd se retire du projet de satellite geomobile
APMT qui doit etre lance en 2000.
C'EST A LIRE
------------
L'excellent Guide du Ciel de Guillaume Cannat est paru.
La parution du Guide du Ciel de Guillaume Cannat est un peu l'evenement de
l'annee pour tous les astronomes amateurs francophones. Son edition 1998 -
1999 est particulierement riche en idees nouvelles enterrant un prejuge
selon lequel un recueil d'ephemerides ne serait qu'une suite longue et
ennuyeuse de dates, d'heures et de mentions destinees aux seuls specia-
listes. Le Guide du Ciel se lit, au choix, comme un roman, comme une
encyclopedie ou comme un ouvrage de reference. Il peut devenir votre livre
de chevet, meme si vous n'etes pas observateur.
Bref : un INDISPENSABLE, largement recommande par Space News.
Le Guide du Ciel 1998-1999, Nathan, 304 pages, 17 x 24 cm.
Nombreux tableaux, plus de 160 cartes du ciel, shemas et diagrammes.
450 instruments decrits et compares, des jumelles aux telescopes.
890 FB (prix en Belgique).
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