[Prev][Next][Index]
Space News InNet 211
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
||| Space News InNet |||
||| Une production Space News International |||
||| ----------------------------------------------------------------- |||
||| Periodique d'informations et d'actualites internationales sur |||
||| l'Astronomie, l'Astronautique, l'Espace et les Sciences connexes |||
||| distribue gratuitement par liste de diffusion sur l'Internet. |||
||| ----------------------------------------------------------------- |||
||| Abonnement en ligne sur : http://www.sat-net.com/space-news |||
||| ou transmettez un mail a : Majordomo@tags1.dn.net comportant |||
||| uniquement le texte : subscribe sat-space-news |||
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Space News InNet numero 211 samedi 25 juillet 1998
Sommaire
Echantillons de planetes
Un telescope s'eteint un autre s'allume
- Un investissement de 20 milliards de francs belges
Creation d'un bureau pour la detection des asteroides et des cometes
ECHANTILLONS DE PLANETES
------------------------
Lorsqu'a debute l'ete 1998, la voute celeste nous presente en soiree son
habituelle richesse stellaire avec notamment, non loin du zenith, le
magnifique triangle de l'ete Vega-Altair-Deneb. Un fait marquant est
toutefois qu'en ce moment les planetes brillent par leur absence. La
situation changera seulement en aout : Jupiter et Saturne se leveront de
moins en moins tard pour permettre que, dans des lunettes, soient
contemples tant ces fascinants mondes geants que le ballet de leurs
satellites.
Mais c'est l'occasion offerte, a defaut de voir actuellement des planetes
quand la nuit tombe, de penser a elles singulierement avec la suggestion -
ayant donne lieu a un premier echange de vues entre le CNES et la NASA -
que les prochaines decennies soient employees a faire venir, pour les
etudier dans nos laboratoires, des echantillons d'un nombre maximal de
corps celestes, avec une attention toute particuliere accordee aux planetes
voisines.
L'enjeu apparaitra d'abord immense pour l'astronautique: des missions
sophistiquees a travers le systeme solaire ne sauraient en effet etre
organisees sans une modelisation prealable des terres a explorer. C'est par
ailleurs, sur le plan scientifique, la perspective de decouvertes
fondamentales dont donne une idee le precedent des echantillons lunaires.
Recueillis en neuf sites selenes - six visites par des hommes et trois par
des robots, l'un de ceux-ci ayant pu proceder a un forage sur 2 m de
profondeur -, ils ont etabli la grande anciennete, naguere totalement
insoupconnee, de notre satellite naturel. Et ils nous ont livre une ebauche
de son histoire. L'ambition est aujourd'hui une connaissance du passe de
tout le systeme solaire: le simple decompte des isotopes des divers
elements - aujourd'hui permis avec un tres haut degre de precision sur des
masses plus petites que le milligramme - fait entrevoir des revelations
promises a concerner nombre de disciplines. Sans oublier l'aspect
philosophique, nous voulons dire cosmologique. Nous serons en mesure de
dresser un bilan de tout ce qui peut se passer au large de ces grosses
boules de gaz denommees etoiles, repandues a travers l'Univers a des
milliards de milliards d'exemplaires.
Mais au fait pourquoi avoir tarde a organiser des retours d'echantillons
alors que, voici trois decennies, d'aucuns consideraient comme imminentes
des operations en ce sens ?
La question n'est pas innocente: elle offre l'occasion de dissiper un
malentendu lorsqu'on fait etat de leur facilite apparente parce qu'on prend
seulement en compte les impulsions parfois modiques qu'elles exigent. Nous
le rappelions naguere: l'astronautique des temps heroiques avait ete
obnubilee par la "vitesse caracteristique" attachee a un vol. Pour gagner
une orbite basse, elle etait voisine de 9 km/s. Il s'agit d'assurer 7,8
km/s a un satellite mais on doit compter avec le mauvais rendement d'une
fusee dans la premiere phase d'un vol propulse: une conquete de l'espace
put ainsi etre envisagee quand des lanceurs se revelerent capables de creer
9 km/s.
Selon ce mode de calcul, une arrivee dans le domaine lunaire exigeait 12,1
km/s avec, a la cle, un ecrasement dans le style Luna 2 a la surface de
notre satellite naturel. Il fallait raisonnablement tabler sur 14,8 km/s
pour se poser sur son sol et 17,5 km/s pour le retour d'un vehicule sur la
Terre apres qu'il ait preleve des echantillons selenes. En regard, la
vitesse caracteristique pour une arrivee en douceur sur Mars etait estimee
voisine de 12,8 km/s en admettant que l'atmosphere de la planete voisine
soit utilisee pour un freinage a l'arrivee. Et on pouvait faire etat de
18,5 km/s pour un vol Terre-Mars-Terre, soit a peine plus que pour un vol
Terre-Lune-Terre.
L'enfer des manoeuvres en pesanteur
Du moins tel etait le verdict du mathematicien dont les calculs etaient
rigoureusement exacts. Il y a toutefois loin de la theorie a la realite.
Une condition implicitement glissee dans les chiffres ci-dessus etait la
precision quasi infinie dont les vehicules spatiaux auraient du faire
montre pour creer au bon moment des impulsions ideales. En fait, la
mecanique celeste invite a distinguer deux categories de manoeuvres.
Certaines sont peu contraignantes. Elles laissent du temps, en ce sens que
l'on n'est pas astreint a les effectuer en des endroits et a des instants
rigoureusement imposes. Une solution est alors de laisser le cerveau sur la
Terre des l'instant ou l'on peut compter tout a la fois sur un excellent
cadastre du systeme solaire et sur des liaisons sures. La trajectoire de la
sonde sera parfaitement modelisee et des ordres lui seront envoyes pour
corriger tout ecart decelable. Ces conditions n'etaient pas remplies il y a
30 ans. Elles ne sont pas loin de l'etre aujourd'hui grace au reseau
americain DSP (Deep Space Network) dont les antennes geantes (64 m) -
implantees en Australie, en Espagne et en Californie - sont reliees, par
cable et par satellite, a Pasadena, ou se trouve le Jet Propulsion
Laboratory, capable de localiser, avec une grande precision dans un
referentiel terrestre, tout vehicule spatial ou qu'il soit dans le systeme
solaire. Ainsi, depuis la Terre, est-il possible de bien guider une sonde
qui doit seulement "naviguer".
La situation est tres differente pour la seconde categorie de manoeuvres:
celles conduites dans un champ de pesanteur significatif. A proximite d'un
monde dont la masse est importante, les impulsions doivent imperativement
etre creees a des instants precis en des points bien determines par rapport
a ce monde. Un prealable est de ce fait une bonne connaissance des
coordonnees de position et de vitesse du vehicule dans un referentiel lie
au monde en question. Or notre mecanique celeste ne permet le raccordement
de celui-ci a un referentiel terrestre qu'avec une incertitude se mesurant
en kilometres. C'est dire que la sonde doit etre cybernetique. Lorsqu'elle
arrive en vue de sa cible, elle se prend en main sous la guillotine: un
retard d'une seconde peut lui etre fatale.
Pour ces manœuvres contraignantes, les consequences d'une erreur seront
d'autant plus lourdes que le champ de pesanteur sera plus important, la
gravite des autres mondes etant en fait doublement penalisante dans une
operation visant a collecter des echantillons a leur surface. Lorsque ces
echantillons ont ete preleves par une mecanique que l'on sait aujourd'hui
concevoir sure autant que legere, il est necessaire pour assurer leur
retour que des vitesses importantes soient creees avec precision.
Cela se traduit par des conditions tres differentes selon le monde vise.
S'il s'agit d'un asteroide ou d'une comete dont la masse cosmiquement peu
importante est creatrice d'une faible gravite, des impulsions a la fois
modiques et non critiques suffisent pour l'atterrissage comme pour le
decollage.
Non contente d'etre economique, l'operation apparaitra meme assez facile
puisque le vehicule spatial dispose d'une certaine latitude. Il se donnera
comme objectif un vol de conserve avec sa cible avant de la rejoindre en
douceur quand on le voudra. Avec les actuelles performances de
l'electronique, rien ne s'oppose a des prelevements d'echantillons sur des
cometes ou des asteroides, Nereis devrait - nous le savons - etre en
l'occurrence le premier objet visite, cela dans le cadre d'une
collaboration nippo-americaine. A l'oppose, des vols Terre-Jupiter-Terre ou
Terre- Saturne-Terre sont totalement hors de question: outre que ces
grosses planetes sont depourvues de sol, leurs vitesses de liberation
colossales (respectivement proches de 60 et 36 km/s) interdisent d'en faire
evader quelque vehicule que ce soit. Venus est un cas non impossible mais
fondamentalement difficile en raison a la fois de l'agitation de son
atmosphere (qui rendra delicate son utilisation pour un freinage), de la
temperature de son sol (elle exigera une electronique capable de supporter
+ 470 deg C) et surtout de sa pesanteur a laquelle est attachee une vitesse
de liberation depassant 10,3 km/s; elle posera de serieux problemes pour le
retour vers la Terre d'une sonde legere, meme en recourant a la solution -
obligatoire des l'instant ou la gravite d'un monde est quelque peu
importante - de laisser en orbite autour de celui-ci le vehicule destine a
convoyer vers la Terre une capsule porteuse d'echantillons.
Si l'on prenait pour cible Mercure ou les satellites de Jupiter, on
devrait, comme pour Venus, tabler sur des vitesses caracteristiques
voisines de 25 km/s, assurement elevees mais non aberrantes. Des operations
de cette nature seront concevables au XXIe siecle.
Mars est le cas intermediaire avec le double avantage d'une vitesse
caracteristique raisonnable et de notre assez bonne connaissance de cette
planete voisine. Apres asteroides ou cometes, elle est par excellence le
monde dont nous devrions obtenir des echantillons auxquels on porte a
priori un grand interet: outre les enseignements a attendre de leur etude
mineralogique, leur chimie pourrait marquer une avancee en direction de la
pre-vie.
La NASA a deja en projet, pour 2005, une mission "return sample" concernant
Mars. S'y associer serait triplement interessant pour les Europeens. Apres
la mission de survol qu'ils envisagent pour profiter d'une opposition
favorable en 2003, l'organisation d'une operation conjointe en 2005 pour
faire revenir en 2008 des echantillons en cooperation avec les Americains
signifierait pour eux le tir d'une ou de deux Ariane 5 et un acces direct a
la mission avec la certitude de recevoir une partie des roches martiennes.
Pour les Americains, le principal avantage serait financier avec des
lancements economises et la participation que leur assurerait l'Agence
spatiale europeenne. Les moyens de celle-ci sont toutefois limites. D'ou de
belles discussions en perspective, d'autant plus que la politique aura
certainement son mot a dire.
Albert Ducrocq, Air & Cosmos
UN TELESCOPE S'ETEINT UN AUTRE S'ALLUME
---------------------------------------
Chaque semaine nous reserve sa surprise sur la vie de l'Univers: la fin
d'une etoile, l'action d'un trou noir, la collision entre deux galaxies.
Les observations de phenomenes dans l'infiniment grand se multiplient tant
au sol, avec de grands moyens optiques et en haute altitude, que dans
l'espace avec des satellites d'astronomie dans l'infrarouge, l'ultraviolet,
les rayons X et gamma. Cette avalanche de decouvertes resulte de la mise en
oeuvre de telescopes qui offrent deux performances essentielles: d'une
part, capter la lumiere d'objets plus faibles et plus lointains grace a des
miroirs de grandes dimensions; d'autre part, discerner, grace a
l'interferometrie, les objets lumineux, avec plus d'acuite et de facon plus
detaillee.
Durant ces quatre derniers siecles, l'Europe de Copernic, Brahe, Galilee,
Kepler, Newton, Huygens, Lagrange, Herschel, Le Verrier, a laisse ses
empreintes dans le monde de l'astronomie. Aujourd'hui, pour mener a bien
des recherches avec une sensibilite de plus en plus elevee, les astronomes
et astrophysiciens europeens disposent, avec le soutien des pouvoirs
publics, de moyens d'une technologie avancee, aux performances
remarquables. Cette Europe du cosmos se joue en Amerique du Sud avec des
observatoires au Chili (cote Pacifique) et avec une base de lancements en
Guyane francaise (cote Atlantique).
L'European southern observatory (Eso) qui regroupe huit Etats (Allemagne,
Belgique, Danemark, France, Italie, Pays-Bas, Suede et Suisse) fixe depuis
Garching, pres de Munich, ses yeux sur le ciel austral. Elle implante des
ensembles de telescopes sur des montagnes du Chili, le long du Pacifique:
- sur Cerro La Silla a 2.400 ni d'altitude (le ciel y est degage 300 jours
par an), on trouve un chapelet de 14 telescopes optiques, dont le New
technology telescope (Ntt) qui, avec un miroir de 3,5 m de diametre, a
servi de precurseur au telescope du Very Large Telescope (Vlt); il y a par
ailleurs un radiotelescope suedois de 15 m pour des observations dans le
domaine millimetrique; - sur Cerro Paranal a 2.635 m d'altitude (il y fait
clair 350 jours par an) et pres de l'ocean, on est en train d'edifier
l'imposant Vlt - l'observatoire du XXIeme siecle - avec ses quatre
telescopes dotes de miroirs principaux d'un diametre de 8,2 m et avec son
dispositif d'interferometrie fait de rails et de lignes optiques pour deux
a trois telescopes auxiliaires; le premier telescope de cet observatoire,
qui sera le plus puissant du monde dans l'hemisphere Sud, a ete allume dans
le courant de mai avec des prises de vues deja extraordinaires mais il ne
sera vraiment operationnel, une fois son instrumentation completee, qu'en
avril 1999.
- L'Agence spatiale europeenne (Esa) qui a son siege a Paris compte les
memes membres que l'Eso plus le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne, la
Norvege, l'Autriche, la Finlande. Son programme scientifique, dit "Horizon
2000 Plus", auquel chaque pays contribue au prorata de son produit national
brut, fait la part belle a l'exploration de l'espace au moyen de sondes
spatiales et d'observatoires orbitaux. Trois missions scientifiques de
l'Esa - en plus de la contribution europeenne a l'utilisation du Hubble
space telescope (Hst) de la Nasa - donnent des resultats d'un caractere
inedit.
- La sonde Ulysse, precipitee le 6 octobre 1990 par la navette Discovery
dans le systeme solaire, evolue desormais au dessus des poles de notre
etoile. Le 17 avril dernier, elle avait effectue une orbite complete du
soleil, soit un parcours de 3,8 milliards de km en un peu plus de sept ans.
Revenue a son point de depart, elle est repartie pour un autre survol des
poles et pour de nouvelles mesures d'un soleil tres agite.
- L'observatoire Infrared space observatory (Iso) etait lance le 17
novembre 1995 par une fusee Ariane 44P sur une orbite entre 1.000 et 70.500
km: sa mission etait d'etudier des objets celestes dans l'infrarouge grace
au refroidissement jusqu'a l'extreme de son telescope de 0,6 m. Cette
mission etait prevue pour durer 18 mois, soit le temps de maintenir un
froid proche du zero absolu avec des reserves d'helium suprafluide. Suite a
un bon remplissage et a une faible evaporation d'helium, Iso a pu
fonctionner pendant plus de 28 mois et a effectue plus de 26.000
observations du ciel. Le 8 avril dernier, l'helium etant epuise, la
temperature a commence a monter dans le telescope, rendant celui-ci
inutilisable.
- L'observatoire Solar and heliospheric observatory (Soho), apres son
lancement avec Atlas-Centaur le 2 decembre 1995, est alle a 1,5 million de
km de la face ensoleillee de la Terre "se balancer" autour du point
Lagrange 1, en equilibre entre les gravites solaire et terrestre, la ou le
Soleil ne se couche jamais, il devrait surveiller jusqu'en 2003 ce qui se
passe a l'interieur, dans l'atmosphere de notre etoile, diagnostiquer ce
qui caracterise le vent et le rayonnement solaires. En deux annees
d'observations quasi permanentes, Soho a mis en evidence de violentes
tornades de gaz chauds qui s'echappent en spirales du Soleil, fourni des
donnees sur l'atmosphere dynamique et torride, mesure les oscillations
provenant des entrailles de l'astre solaire, epie le rendez-vous entre le
vent solaire et la brise stellaire. Malheureusement, Soho connait
actuellement de serieux problemes et la suite de sa mission est fortement
hypothequee, sinon perdue.
Jean-Pierre Swings, astrophysicien et charge de cours a l'universite de
Liege, est concerne a la fois par les observations avec les telescopes de
l'Eso et avec les satellites de l'Esa: "Ce n'est pas parce qu'on est en
train de realiser le Vlt et qu'on est en train de le faire evoluer vers
l'ambitieux Very Large Telescope Interferometer (Vlti), qu'il faut fermer
tout le reste. Tous les telescopes, au sol comme dans l'espace, sont des
outils qui se completent. On peut, pour une utilisation terrestre,
implanter de grandes optiques qu'on ne pourra jamais mettre sur orbite.
Mais sur Terre on est limite, a cause de l'atmosphere, dans le domaine des
longueurs d'onde. Il faut aller dans l'espace pour etudier l'Univers dans
l'infrarouge, l'ultraviolet, les rayons X et gamma."
La mission du satellite europeen Iso (appellation a ne pas confondre avec
la norme de qualite pour les produits et services) s'est terminee le 8
avril apres avoir epuise son helium de refroidissement. Cet observatoire
qui, au lancement, avait une masse de 2,5 tonnes avait ete realise par
l'Aerospatiale avec la participation belge d'Alcatel Etca a Charleroi et de
la societe Imec de Louvain. Son exploitation par les astronomes europeens,
americains et japonais a donne lieu a une moisson d'informations, plus
abondante que prevu, sur la masse cachee et l'impact meconnu de ces
elements froids et poussiereux qui se trouvent entre les etoiles, les
galaxies et qui, comme atomes et molecules, interviennent dans la chimie du
cosmos. "Etant le seul telescope au monde capable d'observer l'Univers sur
une large gamme de longueurs d'onde dans l'infrarouge, precise Roger
Bonnet, directeur du programme scientifique de l'Agence spatiale europeenne
(Esa), Iso a joue un role irremplacable dans les decouvertes astronomiques
qui nous aident a comprendre nos origines."
L'analyse des donnees recueillies lors des 26.000 seances d'observations
qui ont ete effectuees avec le telescope infrarouge de 0,6 in d'Iso va se
poursuivre jusqu'en 2001, avec une equipe d'experts qui sera basee a la
station Esa de Villafranca, en Espagne: c'est cette station qui a assure le
controle et le pilotage de l'observatoire sur orbite. Il y a du pain sur la
planche: les informations d'Iso vont y etre comprimees pour etre archivees
sur 500 a1.000 disques compacts; ces archives doivent etre diffusees aupres
de la communaute astronomique internationale jusqu'a la fin de 1999. D'ores
et deja, on peut mettre a l'actif des instruments d'Iso de nouvelles
connaissances sur l'histoire des etoiles, la composition du milieu
interstellaire, le comportement des galaxies, la formation et l'evolution
de l'Univers.
Une equipe d'astronomes europeens - avec la participation du professeur
Christoffel Waelkens, de l'Instituut voor Sterrenkunde de la Katholiek
universiteit Leuven - a observe des planetes en train de prendre forme,
dans des anneaux riches en silicates, autour d'une etoile a l'agonie. Cette
decouverte permet de comprendre le processus de formation des planetes
ainsi que des cometes qui sont les vestiges de planetes avortees.
Plusieurs instruments d'Iso ont detecte de la vapeur d'eau sur les planetes
geantes du systeme solaire (ainsi que sur Titan, la "lune" de Saturne), a
proximite d'etoiles et dans des nuages sombres situes vers le centre de
notre galaxie, la Voie lactee. Plusieurs astronomes en concluent que la
vapeur d'eau, apres l'hydrogene moleculaire et le monoxyde de carbone, est
l'une des composantes majeures de l'Univers. Roger Bonnet est enchante par
ce constat: "Mettre en chantier l'historique de l'eau terrestre qui
provient de l'espace semble a present a portee des astronomes grace a Iso.
Et la decouverte grace a Iso que l'eau existe un peu partout dans notre
galaxie apporte un soutien nouveau a l'eventualite de la vie a proximite
d'autres etoiles."
De spectaculaires cliches dans l'infrarouge ont mis en evidence des noyaux
protostellaires qui donnent naissance aux etoiles; ils permettent de
corriger les explications sur le processus d'eclosion des etoiles. On a pu
suivre l'evolution d'accidents cosmiques, comme des collisions entre
galaxies dans des nuages de poussieres ou se produisent des flambees de
formation d'etoiles. Grace a des observations de longue duree d'exposition,
des galaxies faiblement lumineuses ont ete decouvertes a travers les trous
dans les amas de poussieres: elles remontent a une epoque correspondant a
la moitie de l'age actuel de l'Univers.
En "allumant" le premier de ses quatre telescopes de 8,2 m, le Very Large
Telescope (Vlt) de l'Eso vient de franchir une etape cruciale pour etre mis
a la disposition de la communaute astronomique internationale. Pour Yvan
Ylieff, le ministre belge de la Politique scientifique, "les Europeens
retrouvent leur leadership en astronomie optique". Il faut dire qu'il
existe entre les Etats-Unis, l'Europe et le Japon une competition
technologique, certes amicale, pour relever les defis que pose la
comprehension dans l'Univers de bouleversements titanesques et de la vie
parmi les etoiles. On assiste a une course de vitesse dans la mise au point
d'instruments de plus en plus performants pour observer ce qui se passe
dans l'infiniment grand. Surtout que la curiosite s'amplifie en decouvrant
de l'inedit. Avec l'avalanche de revelations sur le milieu stellaire et
dans le domaine extra-galactique, les equipes d'astronomes se bousculent au
portillon des grands telescopes avec des propositions pour de nouvelles
observations.
L'Europe, comme elle l'a fait pour sa technologie au service des activites
spatiales avec l'Esa et pour ses recherches dans le domaine des particules
elementaires avec le Centre europeen de recherche nucleaire (Cern), mise
sur la cooperation pour se doter de telescopes puissants et d'instruments
originaux d'astronomie. Ainsi, en 1962, elle a fait naitre l'European
southern observatory (Eso). On trouve la Belgique, aux cotes de la France,
de l'Allemagne, de la Suede et des Pays-Bas, parmi les pays fondateurs de
l'Eso. "Ce choix etait le bon, constate le ministre Yvan Ylieff, puisque,
depuis 35 ans, les astronomes des differentes universites du pays et de
l'Observatoire royal de Belgique beneficient d'un excellent "retour
scientifique" et disposent d'importants temps d'observation aux telescopes
de La Silla. Le retour industriel, bien qu'assez faible jusqu'il y a peu,
vient d'augmenter considerablement avec une serie de contrats lies au
developpement et a la mise en place du Vlt. "
Chaque annee, la Belgique, via les Services federaux des affaires
scientifiques, techniques et culturels (Sstc), affecte en moyenne quelque
150 millions de francs a l'Eso. Ce qui represente 5,4 % du budget global de
l'organisme europeen. L'Eso a pour mission premiere de mettre a disposition
de la communaute scientifique europeenne des outils puissants d'observation
astronomique que chaque pays ne pourrait acquerir sur le plan national.
L'Eso a pris des accords avec le Chili pour implanter deux observatoires
dans l'hemisphere Sud pour etudier le ciel austral. L'ensemble de
telescopes sur le mont Cerro La Silla, a 600 km au Nord de Santiago, a ete
mis en service en 1977 et n'a cesse de s'agrandir pour compter aujourd'hui
une quinzaine d'elements. Il accueille annuellement plus de 500 chercheurs
du monde entier.
Un investissement de 20 milliards de francs belges
Plus au Nord du Chili que la Silla, le Very Large Telescope sur le mont
Cerro Paranal est en train de prendre forme. Il est implante pres de
l'ocean Pacifique sur un site montagneux au milieu d'une region desertique,
qui rappelle le paysage desole de Mars. Ce sont quelque 250 ingenieurs et
techniciens qui se relaient pour realiser cette infrastructure audacieuse.
Avec l'achevement du Vlti en 2003, quelques dizaines de personnes seront
responsables en permanence, a l'observatoire de Paranal, des operations et
seront chargees de la maintenance. " Ce n'est pas un endroit agreable pour
sejourner et il faut avoir le coeur bien accroche pour venir y travailler a
l'ecart du monde", constate le professeur Lodewijk Woltjer qui a choisi ce
"lieu extra-terrestre" pour le Vlt, "Ce site pour les observations
astronomiques offre autant d'avantages que celui de Mauna Kea, a Hawaii,
dans l'hemisphere Nord. Comme il est situe a haute altitude et au bord de
l'ocean, le ciel y est degage 350 jours par an et l'air y est sec, stable,
pas encore rechauffe ni agite par des turbulences. "
A ce jour, 12 milliards de francs ont ete investis dans le Very Large
Telescope, dont la construction a commence en 1991. Deja, chacun des quatre
grands telescopes du Vlt est a meme d'observer des objets celestes qui sont
4 milliards de fois plus faibles que ce que nous pouvons voir a l'oeil nu!
A l'instar du lanceur Ariane 5, le Vlt va grandir dans les cinq annees a
venir pour devenir le Very large telescope interferometer (Vlti).
L'ensemble termine en 2003 aura coute une vingtaine de milliards de francs
belges.
- Le premier telescope ou Unit telescope (Ut 1) qui est dote du miroir de
8,2 m pour 0,17 m d'epaisseur, pesant 23 tonnes, est a l'essai et en cours
de recette. Il doit, avant la fin de l'annee, recevoir ses premiers
instruments scientifiques, a savoir l'Infrared spectrometer and array
(Isaac) et le Focal reducer low-dispersion spectrograph (Fors) pour des
mesures multispectrales jusque dans le proche infrarouge, a basse et
moyenne resolutions.
- Le deuxieme telescope ou Ut 2 sera installe dans le courant de 1999.
- Les Ut 3 et Ut 4 seront mis en place respectivement durant l'an 2000 et
2001; une optique adaptative pour compenser les influences de l'atmosphere
sur les prises de vues equipera progressivement les telescopes pour rendre
plus performante - avec une resolution angulaire de 0,06 seconde d'arc - la
surface totale de 211 m2 pour capter la lumiere sur les miroirs principaux.
- L'infrastructure pour l'interferometre optique ou Vlti va recevoir deux
telescopes mobiles de 1,8 m "made in Belgium" ainsi que les lignes optiques
pour les faisceaux de lumiere. Il est prevu que cet equipement soit
installe en 2002 et mis en oeuvre durant 2003. Le Vlti doit etre un outil
tres puissant d'observations et il peut devenir le plus puissant
observatoire du monde: equivalent a un telescope ayant un diametre de 130
m, il sera capable d'une acuite visuelle (resolution angulaire) jusqu'ici
inegalee de 0,0005 seconde d'arc!
Pour Christoffel Waelkens, president du Comite belge de l'Eso et de
l'"Observing programs committee", le Vlt, et plus encore le Vlti, offre
d'enormes possibilites pour l'astronomie extra-galactique, pour
l'astrophysique stellaire, pour l'identification de planetes autour
d'etoiles, pour le reperage et l'etude de petits objets, comme les cometes
et les asteroides, dans le systeme solaire, "Le 1 er avril 1999, le premier
telescope du Vlt sera un outil operationnel a la disposition des
astronomes. D'ici la, il aura ete teste et aura recu son equipement
scientifique. L'Eso attend durant cet automne les propositions des
chercheurs qui sont interesses par l'emploi du Vlt. On procedera a leur
evaluation pour choisir les meilleures observations a faire. "
Theo PIRARD
CREATION D'UN BUREAU POUR LA DETECTION DES ASTEROIDES ET DES COMETES
--------------------------------------------------------------------
Un bureau specialise dans la detection et le suivi des asteroides et des
cometes potentiellement dangereux pour la Terre sera prochainement mis en
place, a annonce mardi l'Agence spatiale americaine (NASA). Cet organisme,
dont le siege sera au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de Pasadena
(Californie), devra repertorier "d'ici a la fin de la prochaine decennie au
moins 90% des quelque 2.000 asteroides et cometes de plus d'un kilometre de
diametre qui approchent de la Terre", a precise la NASA dans un communique.
"Ce sont des objets difficiles a detecter en raison de leur taille
relativement petite, mais qui sont tout de meme assez gros pour avoir des
effets planetaires si l'un d'entre eux touchait la Terre", a souligne le Pr
Donald Yeomans, futur directeur du bureau.
Cette recherche, a-t-il ajoute, "necessitera la participation de la
communaute astronomique internationale".
Le directeur scientifique charge a la NASA de l'exploration du systeme
solaire, Carl Pilcher, avait recemment annonce au Congres que son
administration allait consacrer plus d'un milliard de dollars au cours des
dix prochaines annees a l'identification et l'etude des asteroides et
cometes risquant d'entrer en collision avec la Terre.
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
||| Les noms de : SPACE NEWS INNET, SPACE NEWS INTERNATIONAL, SPN |||
||| Productions, Forum Espace, sont proteges par copyright. |||
||| ----------------------------------------------------------------- |||
||| Space News est sponsorise par TELE-satellit, le magazine |||
||| international du satellite : http://www.TELE-satellit.com |||
||| ----------------------------------------------------------------- |||
||| Space News sur le Web : http://www.sat-net.com/space-news |||
||| FTP anonyme : ftp.trifide.com/pub |||
||| Bulletin d'informations quotidien et calendrier des lancements : |||
||| http://www.sat-net.com/space-news/flash.shtml |||
||| ----------------------------------------------------------------- |||
||| Ed. resp.: Jean Etienne, Belgique (Eur) jean.etienne@skynet.be |||
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||J&M remember|||||
[Other mailing lists]