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Space News InNet 212




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Space News InNet numero 212                            dimanche 2 aout 1998


	Sommaire

	Le lancement de la navette spatiale japonaise retarde de trois ans
	Depuis un quart de siecle, l'Espace unit les Europeens
	- Un budget de plus de 100 milliards
	- Le mariage d'Ariane 5 et de Columbus
	- A la fin de l'an 2000
	L'ESA confirme son interet pour le successeur du HST
	Les radars secrets DE l'ONERA
	- Radar en etoile
	- Traque des satellites
	- Radars antifurtivite sur la television


LE LANCEMENT DE LA NAVETTE SPATIALE JAPONAISE RETARDE DE TROIS ANS
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L'Agence spatiale japonaise NASDA  a  entame  une  profonde  reorganisation
interne apres les  derniers  lancements  rates,  qui  aura  notamment  pour
principale consequence, a indique vendredi son  porte-parole,  de  reporter
jusqu'en 2003 le lancement de la premiere navette spatiale  nippone.  "Nous
avons connu plusieurs  problemes  dans  les  lancements  de  fusees  et  de
satellites. Nous essayons de reorganiser notre agence. Nous essayons de  ne
pas lancer de nouveau projet" pendant l'annee fiscale 1998-99,  a  explique
un responsable de la NASDA. "Il est correct que le lancement de la  navette
sera reporte jusqu'en 2003", a-t-il precise. Le porte-parole a explique que
la NASDA (National Space Development Agency) avait  officiellement  demande
ce report a la Commission pour le developpement de  l'espace  du  ministere
des Sciences et Techniques qui se prononcera debut aout.

Des lors qu'il est  demande,  le  report  du  lancement  de  cette  navette
baptisee "Hope-X" ne fait aucun  doute,  relevent  les  observateurs.  D'un
aspect similaire a la navette spatiale americaine mais  en  nettement  plus
petit, la navette japonaise sans equipage mesure 16 metres de long, 5 m  de
haut et 10 metres de large pour un poids de 9,9 tonnes. Le  gouvernement  a
depuis 1988 degage un budget de 43 milliards de yens pour ce projet,  selon
la NASDA.

L'industrie spatiale japonaise  a  essuye  plusieurs  revers  cuisants  ces
derniers mois. En fevrier 1996, un vehicule spatial experimental precurseur
de la future navette spatiale a ete lance avec succes a bord d'une fusee  a
poudre J-1 mais il a coule en mer apres sa rentree dans l'atmosphere et n'a
pas pu etre recupere contrairement au plan initial. En fevrier 1998,  autre
incident majeur avec la perte d'un satellite de 36 millions de dollars  qui
avait ete lance  avec  succes  par  la  H-2  mais  n'avait  pu  etre  place
correctement sur son orbite geostationnaire.

Communique par Remy Decourt

Remy.Decourt@wanadoo.fr

Ne manquez pas  de  visiter  son  excellent  site  francophone  entierement
consacre a la diffusion des resultats des differents programmes  scientifi-
ques de l'Agence Spatiale Europeenne :

http://perso.wanadoo.fr/astro.flashespace


DEPUIS UN QUART DE SIECLE, L'ESPACE UNIT LES EUROPEENS
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"Toujours est-il qu'a cette fameuse date du 31 juillet 1973, nous avons  du
discuter longuement. Tous les journaux avaient  estime  que  ca  tournerait
mal.  Quand  nous  avons  termine  positivement  a  5   heures   du   matin
-positivement sur Ariane que les Francais voulaient,  sur  Spacelab  auquel
les Allemands tenaient comme a la prunelle de leurs yeux, et sur Marots que
les Anglais souhaitaient pour leurs navires. Quand on a termine, il faisait
clair, les oiseaux chantaient. On avait reussi. Il n'y avait plus  un  seul
journaliste qui etait la, parce qu'ils etaient tous partis,  persuades  que
ca allait rater. Ils sont venus pour m'interviewer le lendemain.  Mais,  le
lendemain, c'etait moi qui n'etais plus  la  parce  que  j'etais  parti  en
vacances. Alors, tout cela montre que, si a ce moment-la ce fut  difficile,
tout le monde s'est rallie a la decision. Tout le monde a coopere, de bonne
foi, a la reussite de la Conference."

Ainsi, sur un ton anecdotique et avec sa bonhomie naturelle, Charles  Hanin
resume-t-il la naissance, il y a 25 ans, de la nouvelle Europe de l'espace.
Comme  ministre  belge  de  la  Politique  scientifique,  il  presidait  la
conference spatiale europeenne de 1973 confrontee a des choix de strategies
nationales: la France desireuse d'un acces  autonome  a  l'espace  avec  le
lanceur Ariane, l'Allemagne partisane d'une cooperation avec la Nasa autour
du  Spacelab,  le  Royaume-Uni  fort  interesse  par  les   satellites   de
communications maritimes.

L'Europe se devait d'avoir sa place dans l'espace aux cotes des Etats-Unis,
de la Russie, du Japon, de la Chine, de l'Inde. La  grande  originalite  de
l'Europe spatiale, c'est d'avoir reussi a mettre sur pied  une  cooperation
multinationale  et  pluriculturelle  pour  la  realisation  d'un  ambitieux
programme, a des fins non miliaires, de  science  et  de  technologie  dans
'espace. C'est au debut des annees 60 que 'embryon  d'une  Europe  spatiale
prend forme avec la mise sur pied de deux organisations internationales qui
poursuivent des missions distinctes:

-  l'European  space  research  organisation  (Esro)  pour  effectuer   des
recherches  scientifiques  et  technologiques  avec  des  fusees-sondes  et
satellites;

- l'European launcher development organisation (Eldo) pour  doter  l'Europe
d'un systeme propre d'acces a l'espace avec un lanceur de satellites.

Cette Europe bicephale de  l'espace  exprimait  une  double  perception  de
volontes pour cooperer a l'echelle europeenne: d'une part, la  volonte  des
scientifiques qui souhaitaient se doter ensemble d'outils performants, avec
des satellites, pour la recherche; d'autre part, la volonte  des  autorites
politiques qui  desiraient  preserver  un  savoir-faire  national  dans  la
technologie des fusees et applications spatiales.


Un budget de plus de 100 milliards

Au debut des annees 70, la tendance se faisait jour pour fusionner dans  un
seul programme, sous les auspices  d'une  agence  unique,  les  principales
activites des Europeens en science  et  technologie  spatiales.  Il  fallut
attendre la seconde session de la conference spatiale europeenne de juillet
1973, pour que les delegations ministerielles se mettent  d'accord  sur  la
creation de l'Agence spatiale europeenne (Esa), qui assurerait  la  gestion
d'un programme  obligatoire  (activites  scientifiques)  et  de  programmes
optionnels (le lanceur Ariane, l'ensemble Spacelab avec module et palettes,
des satellites de meteorologie, de telecommunications et de television). Ce
compromis tenant compte du souci des  scientifiques  et  de  l'interet  des
industriels s'efforcait de concilier les vues des uns et des autres. On dut
neanmoins patienter jusqu'au 31 mai 1975, pour que l'Esa, avec la signature
de sa convention, devienne une realite operationnelle.

Le budget total de l'Esa pour 1998 s'eleve a plus de 2.679 millions  d'ecus
(quelque 107 milliards de fb). L'Agence consacre plus de 90% de son  budget
a des activites de recherche et  developpement,  ainsi  qu'a  des  contrats
operationnels. Au  1er  janvier  1998,  l'Esa  employait  1.772  personnes.
L'objectif de  l'Esa  est  de  prendre  l'initiative  d'ambitieux  systemes
spatiaux et d'audacieuses missions dans l'espace. Ainsi, depuis trente ans,
en comptabilisant les satellites scientifiques de l'Esro et les  satellites
realises  en  collaboration  avec   la   National   aeronautics   &   space
administration  americaine  (Nasa),  ce  sont  pres  d'une  quarantaine  de
satellites dont l'Agence a ete  responsable.  Ces  satellites  couvrent  un
large eventail de missions d'exploration  spatiale  et  d'applications  sur
orbite.

L'exploration de l'univers proche et lointain, avec des observatoires dotes
de telescopes et senseurs, avec des sondes automatiques loin de  la  Terre,
autour du Soleil, constitue le programme de l'Esa auquel les Etats  membres
doivent souscrire. D'apres une etude recente aux Etats-Unis,  les  missions
scientifiques de l'Esa couteraient 40% moins cher que leur equivalent a  la
Nasa.  Cette  efficacite  europeenne  s'expliquerait  en  partie   par   la
contrainte de respecter des contrats a prix  fixes:  les  industriels  sont
obliges par la limite budgetaire, que l'Esa impose, de reutiliser au  mieux
des technologies existantes. Mais l'efficacite de  l'activite  scientifique
de l'Esa est qu'elle se refere  a  un  plan  coherent  a  long  terme,  dit
Horizons 2000. Ce plan parfaitement coordonne est  bati  autour  de  quatre
grands projets, dits "pierres  angulaires",  de  recherche:  les  relations
Terre-Soleil, l'astronomie des hautes energies, l'astronomie infrarouge  et
submillimetrique, les sondes sur Titan  (autour  de  Saturne)  et  sur  les
cometes.

Les principaux programmes, dits "a la carte", de l'Esa concernent, comme ce
fut decide il y a 25 ans lors de la creation de la Nasa prevoit de  tester,
en l'an 2000, le prototype d'un planeur  recuperable  qui  doit  servir  de
vaisseau de secours pour l'International space station. L'Esa va collaborer
a la mise au point de ce prototype.


Le mariage d'Ariane 5 et de Columbus

La super-fusee Ariane 5,  que  developpe  l'Esa  avec  le  Centre  national
d'etudes spatiales (Cnes) et l'industrie europeenne, constitue le programme
le plus important de  l'Europe  spatiale.  Elle  marque  l'avenement  d'une
nouvelle generation d'Ariane, qui doit  assurer  la  releve  de  l'actuelle
famille des Ariane 4. L'exploitation des fusees Ariane, une  fois  qu'elles
sont mises au point, est confiee a  la  societe  commerciale  de  transport
spatial Arianespace. Cette compagnie a ete creee en mars 1980 par le  Cnes,
par 36 industriels europeens du secteur aerospatial et electronique et  par
13 banques.

L'atout principal des services d'Arianespace est  le  lancement  double  de
satellites. Parmi les autres avantages, il y a la  souplesse  d'utilisation
de la famille des Ariane 4 et la proximite de  l'equateur  pour  le  Centre
spatial guyanais, appele Port spatial de l'Europe. Pres  de  320  personnes
sont employees par Arianespace a Evry  (France)  et  a  Kourou,  en  Guyane
francaise.

Arianespace connait un beau succes,  puisque  quelque  50%  des  lancements
commerciaux dans le monde - soit un  satellite  de  telecommunications  sur
deux sont effectues sous sa responsabilite. Jusqu'a la 108eme Ariane qui  a
vole le 28  avril  dernier  pour  lancer  des  satellites  TV  japonais  et
egyptien,  ce  sont  150  satellites  -  dont  pres   de   130   pour   les
telecommunications et la television - qui ont ete mis sur orbite  avec  les
101 lancements reussis d'Ariane. La nouvelle Ariane 5 est destinee a lancer
des satellites plus massifs et plus encombrants,  ainsi  que  des  elements
vers  la  station  spatiale  internationale,  comme  le   ravitailleur   et
remorqueur orbital Automated  transfer  vehicle  (Atv).  Etudiee  pour  des
missions habitees (projet de navette Hermes, aujourd'hui abandonne), Ariane
5 doit offrir une fiabilite elevee: plus de 98% (moins de  deux  echecs  en
une centaine de lancements!). Un imposant complexe pour l'assemblage et  le
lancement d'Ariane 5 a ete construit  au  Centre  spatial  guyanais:  il  a
represente pour l'Europe le deuxieme chantier en importance, apres celui du
Tunnel sous la Manche!

Pour  les  vols  spatiaux  habites,  l'Agence  s'est   dotee   d'un   corps
international d'astronautes - ils seront seize a la fin de 1998 -  qui  ont
leur centre d'entrainement pres de l'aeroport de Cologne. Elle a  participe
a des sejours de longue duree a bord de la station  russe  Mir,  a  400  km
autour de la Terre.  L'Europe  a  appris  a  collaborer  avec  la  National
aeronautics  &  space  administration  (Nasa)  avec  des   experiences   en
microgravite lors de missions du Space Shuttle. Au debut des annees 80, son
industrie a realise les modules et palettes Spacelab,  qui  prennent  place
regulierement dans la soute de la navette americaine. Les elements Spacelab
ont servi a 22 missions dans l'espace; la derniere, appelee  Neurolab,  qui
s'est deroulee avec la navette Columbia du 17 avril au 3 mai dernier, etait
consacree a des tests de physiologie humaine et animale.


A la fin de l'an 2000

L'Esa est partie prenante, aux cotes de la Nasa, de la  Rka  russe,  de  la
Canadian space agency, de la  National  space  development  agency  (Nasda)
japonaise et de l'Agencia espacial Brasileira (Aeb), dans  la  construction
et l'exploitation du vaste complexe orbital  qu'est  l'International  space
station (Iss): le premier des, elements de  cette  infrastructure  spatiale
doit etre mis en orbite le  20  novembre  prochain.  Entre  1999  et  2003,
l'Europe a prevu de fournir des systemes bord de traitement de donnees,  le
module-laboratoire pluridisciplinaire Columbus orbital facility  (Cof),  un
bras de robotique, des noeuds de jonction ainsi que le  vehicule  Atv  qui,
lance par Ariane 5, doit servir au ravitaillement et maintien a poste. Elle
coopere avec la Nasa au developpement du planeur X-38, le prototype du Crew
rescue vehicle (Crv) qui doit servir de vehicule d'evacuation  pour  l'Iss;
le X-38 doit etre teste avec des composants "made in Europe" a  la  fin  de
l'an 2000.


L'ESA CONFIRME SON INTERET POUR LE SUCCESSEUR DU HST
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Le Hubble space  telescope  (Hst)  continue  a  nous  reveler  des  aspects
insolites de l'Univers. Il a recemment transmis  la  premiere  photo  d'une
planete extrasolaire. La Nasa prevoit deux autres missions  de  maintenance
avec la navette: a la  fin  de  1999,  puis  durant  l'ete  2002.  L'Esa  a
participe au financement, a raison de 20%, et a la construction,  avec  des
elements cles, du Hst, ce qui  permet  a  des  chercheurs  et  laboratoires
europeens de disposer de 20%  du  temps  d'observations  avec  le  puissant
telescope   spatial.   A    l'occasion    d'un    colloque    international
d'astrophysique, qui s'est tenu a l'universite de Liege du 15 au  18  juin,
la Nasa et l'Esa ont confronte leurs points de vue sur les  missions  qu'il
faut confier au successeur du Hst. Ce prochain observatoire spatial a  recu
le nom de Next generation space telescope (Ngst). Le principal objectif  du
Ngst, dont la vision aura une portee  superieure  a  celle  des  telescopes
existants, sera de remonter  tres  loin  dans  le  temps  jusqu'aux  toutes
premieres etoiles et galaxies de l'Univers. Le prochain grand telescope sur
orbite, dont la mise au point passera par  des  defis  technologiques  pour
l'industrie, pourra nous  eclairer  sur  les  origines  et  l'evolution  de
l'Univers.

Des etudes sur le Ngst ont lieu aux Etats-Unis et en Europe. Mais l'Esa n'a
pas encore fixe son engagement financier dans cet ambitieux projet. La Nasa
souhaite que son developpement demarre en 2003 pour un lancement  en  2007.
L'Esa est deja concernee pour les cinq annees a venir par la realisation et
l'exploitation de plusieurs telescopes dans  l'espace:  Ximn  (observations
dans le rayonnement X), Integral (etude des sources de rayons gamma), First
(dans l'infrarouge lointain et  les  longueurs  d'onde  submillimetriques),
Planck (analyse du rayonnement cosmique ambiant).

A Liege, (Belgique) la societe americaine  Bell  Aerospace  &  Technologies
exposait un modele reduit d'un Ngst equipe d'un imposant miroir  deployable
ayant un diametre de 8 m! Au sujet d'une contribution de l'Agence  spatiale
europeenne au Ngst, le professeur Roger Bonnet,  qui  dirige  le  programme
scientifique de l'Esa a  tenu  a  preciser:  "Il  ressort  de  l'experience
acquise recemment que les meilleurs resultats scientifiques  en  astronomie
et en astrophysique  sont  ceux  que  l'on  obtient  par  des  observations
coordonnees dans differentes  gammes  de  longueurs  d'ondes.  "L'industrie
europeenne pourrait  participer  avec  le  developpement  de  detecteurs  a
infrarouge et avec la mise au point  de  miroirs  legers  a  haute  qualite
optique et a refroidissement passif. A suivre...

Theo PIRARD, Athena


LES RADARS SECRETS DE L'ONERA
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L'office de recherche francais devoile  ses  nouveaux  radars.  Il  s  agit
notamment d'un radar transhorizon, d'un autre assurant la  surveillance  de
l'espace ou encore permettant de voir les avons "invisibles".

Depuis plusieurs annees  deja  l'Onera,  Office  national  d'etudes  et  de
recherches aerospatiales, a entame l'etude de nouveaux concepts  de  radars
et conduit d'importants travaux sur  la  furtivite.  Si  certains  systemes
comme le premier radar basse frequence a impulsion et  antenne  synthetique
(RIAAS) ont fait l'objet d'un transfert industriel,  vers  Thomson  Airsys,
d'autres beneficient depuis quelques  mois  d'une  indiscutable  montee  en
puissance  du  rythme  de  leur  developpement.  C'est  le  cas  du   radar
transhorizon "Nostradamus", du radar de surveillance de  l'espace  "Graves"
et un concept original permettant de dejouer la furtivite.

On peut a ce titre considerer que 1998  sera  l'annee  de  consecration  du
vaste et ambitieux programme de radar  transhorizon  Nostradamus.  Tout  en
effet est maintenant pret pour que debute a la  fin  de  l'annee  la  phase
d'experimentation globale de ce systeme  capable  de  detecter  des  cibles
situees entre 700 et 2.000 km de distance. Quant au calendrier de la  suite
des operations, il dependra bien sur des resultats obtenus a l'occasion des
essais, mais egalement de  son  eventuelle  industrialisation  par  Thomson
Airsys. L'industriel, en effet, s'interesse de plus en plus  a  Nostradamus
et le transfert de ce programme vers  lui  aboutirait  a  en  accelerer  la
realisation. Deja le developpement exploratoire sur la base d'une etude  de
definition du LETTI associait Thomson-CSF au programme.

Le concept du radar a retrodiffusion par onde de ciel West pas original  en
lui-meme. Il a en effet deja fait l'objet  d'applications  operationnelles,
notamment aux Etats-Unis, en Russie et en Australie. En  revanche,  ce  qui
s'affirme d'une grande originalite, c'est le choix effectue en faveur d'une
solution  faisant  appel  a  un  reseau  monostatique   avec   architecture
surfacique a trois bras, a la place des longues antennes s'etirant sur  des
kilometres.

Nostradamus  (NOuveau  Systeme  TRAnshorizon  Decametrique  Appliquant  les
Methodes Utilisees en Studio) est un radar monostatique, c'est-a-dire  avec
des antennes d'emission et de reception colocalisees fonctionnant  dans  la
bande HF  (haute  frequence,  longueur  "onde  decametrique),  architecture
autour d'une etoile a trois branches de 400 m de long espace  angulairement
de 120 deg. Chaque bras  comporte  une  centaine  d'antennes  en  forme  de
diabolo de 7 ni de haut et de 6 ni de diametre. Un tiers d'entre elles sont
bifonction (emetteur-recepteur), avec leur electronique associee  installee
dans trois tunnels  de  80  ni  de  Ion  tandis  que  les  autres  assurent
uniquement la reception.


Radar en etoile

Grace a ce dispositif  triangulaire  en  etoile,  le  radar  a  pour  autre
particularite d'etre omnidirectionnel sur 360 deg. Et grace au pilotage des
phases de chaque antenne, l'inclinaison du faisceau peut  etre  orientee  a
volonte afin d'etre pointee vers  la  zone  ionospherique  favorable  a  sa
propagation de detection. Ce systeme permet ainsi de localiser  les  cibles
avec une precision nettement  superieure  a  celle  accessible  aux  radars
transhorizons classiques a reseau lineaire.  Ces  derniers  sont  en  effet
limites a environ 60 deg d'ouverture et leur faisceau est fixe en site.

On precise par ailleurs a l'Onera  qu'outre  ses  fonctions  classiques  de
detection a longue distance Nostradamus, implante sur une ancienne base  de
l'Otan entre Dreux et Senonche, pourrait egalement  etre  utilise  afin  de
caracteriser  l'etat  de  l'ionosphere  et  d'elaborer   des   modeles   de
propagation des signaux transitant (ou se reflechissant) dans cette zone de
l'espace.

Toujours dans le domaine de la detection a longue  distance,  le  programme
radar Graves de surveillance de l'espace (Grand Reseau  Adapte  a  la  VEMe
Spatiale) va entrer dans une toute nouvelle  phase  de  son  developpement.
Celle-ci associe dorenavant l'Allemagne (F-GAN) a travers le couplage  d'un
radar capable  d'effectuer  de  l'imagerie  satellitaire  avec  pouvoir  de
resolution de 25 cm a 1.000 km de distance.  Les  premiers  essais  de  cet
ensemble integre se derouleront fin 1998 et devraient amener a  valider  un
concept de surveillance ou  le  reseau  Graves  scrute  l'espace  et  apres
detection d'un objet adresse ce dernier au module d'imagerie allemand  pour
identification.

Developpe sur financement de la Direction des missiles et de l'espace de la
Delegation generale pour l'armement, le  reseau  Graves  s'appuie  sur  une
architecture radar bistatique a balayage electronique. Les premiers  essais
du systeme prevu pour  etre  operationnel  au  debut  des  annees  2000  se
derouleront a la fin de cette annee et permettront d'evaluer les  capacites
de detection et localisation d'objets spatiaux a partir  d'un  signal  emis
d'un site implante a Broyes-les-Pesnes dans la region de Dijon, et dont  la
reception s'effectuera sur une station du plateau d'Albion.

Destine a detecter en moins de 24 heures les satellites d'orbite circulaire
dont l'altitude sera comprise entre 250 km et 1.000 km,  le  reseau  Graves
est concu, precise-t-on a l'Onera, autour d'un certain nombre de compromis,
Positionne en France metropolitaine, il verra par exemple ses capacites  de
detection limitees vis-a-vis d'objets gravitant sur des orbites  faiblement
inclinees sur l'equateur. Mais l'on fait observer que  ces  dernieres  sont
assez peu utilisees et que dans tous les cas le radar Graves sera en mesure
de poursuivre 60 % des satellites. A titre indicatif une portee en altitude
de 2000 kilometres aurait permis d'elargir a 85 % le potentiel de detection
du reseau Graves,  mais  un  tel  choix  aurait  conduit  a  l'installation
d'emetteurs seize fois plus puissants.


Traque des satellites

Graves en revanche aura  une  tres  grande  promptitude  de  detection.  La
determination d'orbite s'effectuera des le premier  passage  du  satellite.
Quant a la zone de surveillance, elle aura la forme d'une couronne  conique
dont le site sera compris entre 10 deg et 30 deg, et sera couverte  par  un
ensemble de huit faisceaux de 20 deg  d'ouverture  en  site  et  8  deg  en
gisement.  Chaque  faisceau  balaye  de  facon  continue  a   une   vitesse
parfaitement ajustee un secteur de 45 deg en azimut.

S'agissant du reseau de reception, il  est  constitue  d'une  couronne  sur
laquelle sont implantees 200 antennes elementaires. Omnidirectionnelles  en
gisement, chacune de ces antennes peut assurer un recueil de signal en site
de 10 a 50 degres. Les satellites ne pouvant en fait etre differencies  que
par leur position angulaire, leur vitesse radiale et plus  particulierement
leur  acceleration,  le  radar  Graves,  precise-t-on  a  la  direction  de
programme,  necessitera  de  colossaux  moyens  de  calcul   pour   traiter
l'important volume d'informations que necessite la surveillance spatiale.

Un autre axe de recherche privilegie par les chercheurs de l'Onera concerne
les radars SAR (Radars a ouverture de synthese)  qui  permettent  d'obtenir
des images aussi precises que de la video.  Toutefois  dans  l'immediat  la
maitrise de ce nouveau concept se heurte encore a des difficultes  que  les
chercheurs estiment pouvoir resoudre dans un  avenir  qui  ne  pourra  etre
inferieur a 2 ou 3 ans. Typiquement l'imagerie  SAR  est  bidimensionnelle.
Mais  en  faisant  voler  deux   antennes   superposees   avec   une   base
interferometrique  connue  on  parvient,   par   analyses   de   la   phase
differentielle entre antennes, a reconstituer la troisieme dimension.

Pour cela, un nouveau moyen d'etudes, la station aeroportee "Ramses" (RAdar
Multispectral d'Etudes  des  Signatures),  est  utilise.  Installe  a  bord
d'unTransall C-160, H disposait jusqu'a ces derniers temps  de  sept  tetes
radar allant de la bande L (1,6 GHz) a W (95 Ghz). Une huitieme  se  trouve
actuellement en cours d'installation et concerne la bande  basse  frequence
(400 Mhz). L'objectif des travaux conduits sur cette bande vise  a  evaluer
l'aptitude des systemes radar SAR travaillant  sur  les  longueurs  d'ondes
correspondantes  a  penetrer  les  feuillages   epais   et   effectuer   de
l'observation et de la detection souterraine.

Ramses peut egalement etre installe au sol. Dans ce cas ce  n'est  plus  la
plate-forme  embarquant  le  radar  qui  bouge,  mais  les  avions  ou  les
satellites evoluant dans l'espace qui se  deplacent  devant  le  radar.  Ce
concept dit "d'imagerie  inverse"  permet  d'obtenir  des  images  a  haute
resolution de mobiles aeriens.


Radars antifurtivite sur la television

Depuis  plusieurs  annees  l'Onera  poursuit  des  etudes  sur  un  concept
"exotique" de detection appele programme DARC utilisant la  porteuse  image
du signal de television comme moyen de surveillance de l'espace aerien.  Ce
procede multistatique presente l'avantage d'une tres grande  discretion  et
d'une vulnerabilite nulle. En effet, les emetteurs et  reemetteurs  de  TDF
font office d'emetteurs  pour  le  radar  alors  que  chaque  recepteur  de
television, muni  d'un  boitier  specifique,  peut  devenir  un  centre  de
controle de detection de defense aerienne.

Ce concept fait l'objet d'un aussi discret que serieux engouement  avec  la
perspective de voir se developper en France la  diffusion  d'images  TV  en
numerique hertzien. D'ou les travaux conduits  par  l'office  de  recherche
francais en partenariat avec Thomson CSF  sur  les  nouvelles  possibilites
resultant de  l'exploitation  des  derniers  procedes  de  cryptage  de  la
television numerique. Ils ont mis en evidence  la  parfaite  adaptation  de
certains codes de signal au traitement de l'antifurtivite. Un nouveau champ
d'application qui ne laisse pas les militaires indifferents.

Serge Brosselin


EPHEMERIDES
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Ne manquez pas les ephemerides astronomiques qui vous sont presentees  pour
le mois en cours sur le site  de  Space  News  avec  l'autorisation  et  la
complicite de Guillaume Cannat, auteur de l'incontournable :

GUIDE DU CIEL 1998-1999 (ed. Nathan)

bien connu et apprecie de tous les astronomes, amateurs ou  professionnels.

Mois d'aout 1998 :
http://www.sat-net.com/space-news/ephem/epheaou.html

Bonnes observations !


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